Par Kordia SAKHO, Jennyfer VAL et Manon KOMSTA
Introduction
Le véganisme, c’est exclure de son alimentation tout produit d’origine animale et adopter un mode de vie respectueux des animaux. Il repose sur l’idéologie que les relations entre être humains et animaux doivent être redéfinies, selon la notion d’anti-spécisme, un mouvement selon lequel la même considération morale devrait être accordée aux différentes espèces animales. Ce mode de vie prend de plus en plus de place dans notre société : “Depuis 2015, les assos véganes cartonnent et l’industrie se met à vendre des plats spécialisés. Le phénomène nourrit la presse, la couverture des magazines amplifie le phénomène en retour…”. Ce phénomène est donc vraiment devenu une tendance.
Si on peut avoir l’impression de voir le véganisme s’ancrer dans la société, les végans restent peu nombreux dans le monde. Ils représenteraient en effet environ 1% de la population. Cependant ces dernières années, nous avons pu constater une hausse du nombre de végans. Cette augmentation a plusieurs causes notamment une prise de conscience massive concernant les mauvaises conditions d’exploitation des animaux. En 2014 par exemple, l’association L214 diffuse une vidéo du couvoir de Saint-François (à Saint-Hernin, dans le Finistère) sur son site internet, où des poussins sont mis dans des sacs plastiques ou encore passés vivants dans des broyeurs. Ces images sont devenues virales et ont participé à cette prise de conscience, qui continue de se développer massivement en ligne, que ce soit sur les réseaux sociaux, sur des blogs, des sites d’informations ou via des influenceurs. Un véritable écosystème de ce mouvement s’est créé en ligne, fédérant une communauté autour d’une même cause.
Le web joue un rôle particulièrement porteur. En mettant à plat la parole de tous, la légitimité du discours ne s’acquiert plus par un statut, une identité ou autre ; ainsi le véganisme monte en puissance au niveau de la portée de sa voix, et devient aujourd’hui un sujet de société dépassant la simple éthique alimentaire, alors qu’hier, il n’était qu’une énième branche de l’arbre du végétarisme. Dans quelle mesure le web a popularisé le véganisme ?
Après un retour sur ce qu’est le véganisme, ses origines et sa place dans la société, nous allons présenter l’écosystème numérique du mouvement végane et nous analyserons la manière dont la cyber-communauté végane s’est créée et comment elle s’exprime sur Internet.
Pour finir, nous aborderons les moyens et outils utilisés par les véganes pour militer et également les controverses liées au mouvement.
I. Le véganisme, un mode de vie qui refuse l’exploitation animale
Le véganisme, comme présenté en introduction, est un mode de vie qui exclut toute consommation de produit d’origine animale et également de produits testés sur les animaux, tels que les cosmétiques. A la différence des végétariens qui eux consomment des oeufs et des produits laitiers comme le fromage, les végans ne consomment aucun produit de nature ou source animale de ce fait, ces personnes ne consomment pas de lait, pas de miel et bien d’autres produits. Ce mode de vie s’étend aussi au niveau de l’habillement car les végans ne portent pas des vêtements qui contiennent des matières d’origine animale comme la laine et le cuir. Par ailleurs, les végans militent également pour la cause écologique car l’élevage contribue de manière importante aux émissions de gaz à effet de serre et cela mobilise plus de la moitié des terres disponibles dans le monde et consomme à lui seul près de 45 % de l’eau destinée à la production d’aliments, il cause donc des gros dégâts environnementaux. Les végans s’interdisent par extension d’aller au zoo, de faire de l’équitation. En outre, le véganisme s’apparente au régime végétalien mais à la différence des végans, les végétaliens peuvent très bien porter des vêtements en cuir car lui n’a pas de volonté d’épargner les animaux, c’est juste un régime alimentaire.
Le mode de vie végan est donc respectueux des animaux car il vise à réduire et limiter l’exploitation des animaux. Il repose donc en grand partie sur l’éthique mais également sur un mode de vie sain et est en adéquation avec l’écologie. Par extension, le véganisme soutient et encourage le développement et la mise en oeuvre d’alternatives sans utilisation d’animaux. Le véganisme est donc une philosophie de vie du fait de la sensibilité à la cause animal et de la volonté de manger sainement, de ce fait, les véganes doivent repenser totalement leur mode de vie qui n’est pas en adéquation avec le mode de vie de la société actuelle. Ils doivent se restreindre au niveau alimentaire et vestimentaire et cela va également au-delà car leur vie quotidienne est impactée avecle peu de choix qui se trouve le marché en matière de produit végane.
Le mouvement végane remonte aux années 1940 quand Donald Watson, un professeur de menuiserie britannique, créa le mot « vegan » en utilisant les premières et dernières lettres du mot « vegetarian ». Il déplorait la cruauté des animaux dans la société fermière et industrielle qui l’entourait. Par la suite, il fonda la Vegan Society dont le mot d’ordre est le suivant : « Le véganisme est la doctrine selon laquelle les humains doivent vivre sans exploiter les animaux. ». Ainsi le fondement du mouvement est bien la compassion à l’égard des animaux.
À la fin des années 1970, Watson déclare que « les animaux ne doivent être utilisés ni pour la nourriture – que ce soit la viande, le lait ou encore le miel – ni pour l’habillement et qu’ils ne doivent en aucun cas être exploités et traités avec cruauté». Cependant, le véganisme a des origines bien plus lointaine, on retrouve des concepts du véganisme au début du 19ème siècle avec Dr William Lambe et Percy Bysshe Shelley qui se sont opposés publiquement à l’exploitation laitière ainsi qu’aux oeufs pour des questions éthiques. Le mot “vegan” entre dans le dictionnaire en 2015 ce qui signifie qu’il y a eu à cette période une reconnaissance lexicographe.
Il existe un courant important qui est primordial chez certains vegans, c’est la notion de l’antispécisme, il défend l’idée qu’il n’y a pas d’espèces au traitement différencié en d’autres termes, il considère que l’espèce à laquelle appartient un animal n’est pas un critère pertinent pour décider de la manière dont on doit le traiter et de la considération morale qu’on doit lui accorder. Les animaux sont vus comme des êtres possédant une valeur propre. « L’antispécisme est une pensée critique de la notion d’espèce, considérée comme discriminante, et le véganisme est vu comme le mode de vie adéquat à ce refus de l’anthropocentrisme ». Ce courant place l’espèce humaine au même niveau que les autres espèces, il prône une égalité de considération et une libération des animaux. Cette doctrine est de plus en plus mis en avant au sein du mouvement.
Par ailleurs, le véganisme est souvent comparé à une religion de par le fait que certains véganes se considèrent comme porteur de paroles, ils se sentent investi d’une mission pour “prêcher la bonne parole” et ainsi “convertir” les gens au véganisme tout comme toute religion. En outre, Kai Funkschmidt, un théologien protestant allemand, identifie des traits du véganisme qu’il estime caractéristiques d’une religion.
Quant à Jean-François Mayer, historien des religions, il décrit ce mouvement comme : « le salut universel est à la portée de celui qui pratique le véganisme car cela lui donnerait une meilleure santé, plus de bonheur, évoluant par ailleurs dans un monde pacifique et harmonieux. “Peace food !” ». Le véganisme met au centre de sa croyance son combat contre le mauvais traitement des animaux, c’est donc un mouvement qui se base sur l’éthique. Meyer ajoute que “la conversion au véganisme serait donc pour certains un passage d’une vie dans l’erreur à une vie juste”.
En 2016, au Canada, la commission ad hoc en Ontario a rendu ses conclusions selon lesquelles « une croyance non religieuse qui influence de manière substantielle l’identité, la vision du monde et le mode de vie d’un individu, peut être considérée à l’égal d’une religion ». Les végans pourraient donc être assimilés à des croyants religieux comme les catholiques et bénéficier des mêmes protections que celles en vigueur contre toute discrimination raciale, sexuelle ou religieuse. Ils n’ont pas fait mention à proprement du véganisme mais cela en ferait partie. Cela pourrait donner par exemple le droit aux végans de ne pas se soumettre à toute obligation qui irait à l’encontre de leurs convictions comme par exemple être obligé de porter des vêtements avec des matières d’origine animale sur son lieu de travail. Mais par la suite la Commission a précisé son point de vue en rappelant les critères permettant de considérer qu’une conviction est une croyance. Parmi ces critères, celui évoquant les questions ayant trait à l’existence ou non d’un créateur et/ou d’un ordre d’existence supérieur ou différent. Le mouvement végane s’apparente à la religion de par ses critères mais cela ne fait pas de ce mouvement une religion pour autant.
Le véganisme gagne en popularité et compte de plus en plus d’adeptes. A ses débuts, le mouvement était perçu comme un mode de vie austère, extrémiste mais ces dernières années, il se développe de manière considérable.
Ce mode de vie s’est transformé en prise de conscience de masse dans beaucoup de pays, il s’impose dans la société. Par ailleurs, la population végane est devenu militante et on le constate dans les média où ils y ont une plus grande considération,ils y sont représentés de manière positive. On trouve des figures du véganisme tel que le philosophe, Michel Onfray qui est un fervent défenseur de la cause animale, il y a également le journaliste Aymeric Caron auteur d’un essai intitulé « antispéciste » dans lequel il expose, comme exposé un peu plus haut, l’idéologie selon laquelle les animaux et humains devraient être au même niveau, il souhaite une évolution des consciences à l’égard des animaux, il décrit une autre façon d’envisager l’humanité. Son livre a eu énormément de succès ce qui prouve l’intérêt du véganisme et son développement.
Ces dernières années, uneferveur pour le véganisme s’est formé et cela se traduit par le développement économique du secteur végan avec l’ouverture de chaînes de restaurant comme “Loving Hut”, de plus en plus de restaurants proposent des plats véganes, il existe également un label pour les produits véganes. Des événements véganes voient le jour tel que la journée mondiale consacrée aux véganes, des salons comme le salon “veggie world” et on trouve également des livres qui promeuvent ce mode de vie. La montée de différentes chaînes de restauration plus saines voire biologiques, comme Exki, Cojean, ou encore Bert’s, offre encore plus de crédibilité au mouvement «vegan».
Ce nouveau business autour du véganisme s’est créé grâce à l’engouement de la population pour le véganisme et cela touche les industriels de l’agroalimentaire qui se mettent aux véganes, on trouve des produits véganes en grande surface comme les produits de la marque Herta, lagrande distribution s’invite donc dans le végan. Ils investissent dans ce secteur car le végan fait vendre, cela prouve que ce mode de vie est en développement constant en France. En 2016, les ventes de produits véganes ont augmentées de 82% en France. De plus en plus de commerces proposent des produits véganes. Parallèlement à cette vague vegan, depuis 1980, la consommation de viande a diminuée de 8,5% en France selon FranceAgriMer. La déclaration de l’OMS concernant les viandes rouges en les qualifiant de cancérigène et le fait que sa consommation augmente les risques cardio-vasculaires a peut-être joué un rôle dans la baisse de la consommation de viande. Cela aconforté les véganes dans leur mouvement. Par ailleurs, la question de l’éthique se pose de plus en plus et prend donc de la place dans le mouvement. En effet, on constate une évolution mais cela reste un phénomène minoritaire. Selon un sondage, en 2017, 4% des français pratiquent le régime végan et 47% d’entre eux depuis moins de six mois, on estime que 10% pourraient envisager de le devenir. Il y a des véganes de toutes âges, sexes et milieux sociaux, mais avec une majorité de femmes. On pourrait croire que les végans sont des gens venant d’un milieu social élevé mais ce n’est pas le cas.
En outre, ce mode de vie implique de renoncer à de nombreuses habitudes de consommation, leur alimentation se base uniquement sur les laitages végétaux (lait de soja, amande, coco), céréales, noix et protéines végétales. De plus, certains véganes font face à la pression familiale, l’entourage ne comprend pas leur nouveau mode de vie, il y a également une difficulté à allier vie social et véganisme car ce mode de vie s’accompagne de contraintes notamment quand il est question de sortir entre ami et qu’il faut trouver un restaurant adapté et qui convient à tous. Devenir végane est donc une démarche compliquée.
Comme énoncé précédemment nous sommes actuellement à un stade embryonnaire car la France a été très à la traîne en comparaison à ses voisins anglais ou même allemands quand ce mouvement a commencé à se développer. Dans les pays anglo-saxons, le véganisme est ancré depuis bien longtemps comme au Royaume-Uni, pays où est né le mouvement végane, il y a plus d’un demi-million de végan, le mouvement est porté par les jeunes car 42% sont âgés de 15 à 34 ans. En France, on a souvent affaire à du “flexitarisme” qui est une tendance qui consiste à réduire son apport en protéines animales, les personnes pratiquant ce régime alimentaire sont flexible dans leur pratique du véganisme, cela consiste à réduire sa consommation de viande et de poisson, les adeptes de cette tendance ne supprime donc pas complètement les protéines animales.
Par ailleurs, la gastronomie française a du mal à se défaire de la viande et du poisson, tout est centré sur les protéines animales. De plus, elle est sacrée et la modifier serait donc un sacrilège. Cependant, des grands noms de la gastronomie française ont intégré le véganisme dans leurs plats comme Joël Robuchon, qui est l’un des plus grands chefs français actuels, il a déclaré en 2014 que « la cuisine végétarienne sera celle des dix prochaines années ».Dans plusieurs de ses restaurants, il a créé un menu entièrement vegan et a également ouvert à Bombay un restaurant vegan et sans gluten. De son côté, Alain Ducasse, un grand chef français, s’est engagé en faveur d’une cuisine plus saine et plus végétal sans viande, il a tout simplement rayé la viande de sa carte, il n’y a désormais que des produits de la mer ainsi que les légumes, céréales et légumineuses.
De plus en plus de grand chefs ont suivis le pas, en ouvrant des restaurants entièrement végane. Cela répond donc à une demande de consommateurs véganes qui ont en général du mal à trouver des restaurants qui proposent des plats véganes.
Les fast-foods s’y mettent aussi comme Mcdonald’s qui lance en 2017 son premier menu végétarien, le but est de répondre à la demande, car il y a pléthore de fast-foods qui commençaient à proposer des menus végétariens et en proposant ce menu McDonald’s s’aligne sur la concurrence et permet d’élargir la clientèle. Les pâtisseries se mettent également au végane avec Michaël Bartocetti, Chef Pâtissier du Shangri-La Hôtel Paris. Cela va encore plus loin car il existe même des boucheries vegans qui proposent de la viande constituée avec des matières végétales.
En parallèle, certaines entreprises cherchent des alternatives à la viande conventionnelle et développe de la viande avec des cellules souches. En 2013, le premier burger « in vitro » a été présenté, il a été conçu à partir de cellules souches de vaches par un scientifique néerlandais de l’université de Maastricht, Mark Post, avec sa start up Mosa Meat. Il avait été baptisé « Frankenburger ». La fonction de ces cellules souches dans l’animal est de créer du nouveau tissu musculaire quand le muscle est blessé. C’est “cette caractéristique propre aux cellules souches qui est utilisée dans la fabrication de la viande in vitro”, explique Mosa Meat. Les cellules sont placées dans un bioréacteur, un récipient contenant des nutriments pour qu’elles puissent proliférer. Le résultat est une fibre musculaire primitive. Cette matière est ensuite placée dans un gel constitué à 99% d’eau pour aider les cellules à prendre la forme de fibres musculaires. Plusieurs start-ups se sont depuis lancées sur le créneau.
A San Francisco, Memphis Meat travaille sur du boeuf, du poulet et du canard, de son côté Just, qui est aussi connu pour sa mayonnaise sans oeuf, souhaite produire du poulet à partir de cellules prélevées sur une plume. Cependant, le coût de production de cette viande reste encore très élevé et aucun produit n’est disponible à la vente. Mais certains spécialistes misent sur une commercialisation dans les cinq ans.
Toutes ces entreprises ont la volonté de changer de façon durable le système de production de la viande en évitant d’élever et de tuer des animaux. Et la production de ce type de viande permettrait également de résoudre de nombreux problèmes car cela limiterait les gaz à effets de serre, l’utilisation de ressources naturelles, les animaux ne souffriraient plus et la santé des humains serait protégé.
La question que l’on peut se poser face à cette nouvelle façon de consommer de la viande est : est-ce que les véganes et non véganes seraient prêts à consommer ce type de produit ? On peut supposer que la plupart des véganes qui s’opposent à l’exploitation et au mauvais traitement des animaux accepteraient d’en manger. En effet, en 2015, Jean-François Hoquette, directeur de recherche sur les herbivores à l’Inra de Clermont-Ferrand, expliquait à Sciences et Avenir : “d’après des études d’acceptabilité que nous avons mené en France, en partenariat avec la Belgique et l’Australie, la réaction des consommateurs vis-à-vis de ce type de produit est pour l’heure majoritairement de l’ordre de la répulsion en raison de son artificialité. Il faudra donc probablement plusieurs générations pour que la viande artificielle s’impose réellement sur le marché”. Ce nouveau produit n’a donc pour l’heure pas encore sa place dans nos assiettes que ce soit celles des véganes ou des non véganes.
De son côté, Twilight Greenaway, journaliste spécialisée dans l’agriculture et l’alimentation a fait la remarque suivante : « Ce sont des aliments industriels très transformés et qui sont fabriqués dans une usine. Je doute que cela résolve les problèmes de notre système alimentaire ». Il n’y a donc pour lors pas d’alternative concrète à la viande et sa consommation est toujours très élevé malgré une légère baisse.
Pour contrer cette consommation de viande excessive aux yeux des véganes, des associations se sont créées telles que “L214”, ou encore “269 life” qui défendent la cause animale. L’association L214 tient son nom de l’article L214 du code rural où les animaux y sont pour la première fois désignés en tant qu’êtres sensibles, cet article date de 1976. L’association a été fondé en 2008 par des militants végétariens. Elle a pour but de sensibiliser les consommateurs à la cause animal, elle “encourage les consommateurs à adopter une attitude d’achat responsable, au mieux en se passant de produits d’origine animale, au minimum en réduisant leur consommation de tels produits et en refusant ceux issus des élevages intensifs.” Elle souhaite que la société change et que l’on arrête de traiter les animaux comme des objets à notre disposition.
Ces dernières années on a une perception positive du véganisme dans la société de par son mouvement de fond qui est la protection des animaux et une alimentation saine et pour finir le respect environnemental. Il y a également des stars comme Nathalie Portman ou encore Pamela Anderson qui s’engagent publiquement pour cette cause et participe à la bonne image du mouvement.
La parole des véganes est de plus en plus présente notamment en ligne, que ce soit sur des sites web, des blogs, sur les réseaux sociaux, il existe également des applications en relation avec le véganisme.
En effet, on entend beaucoup parler du mouvement et les véganes se mettent également en scène pour parler du véganisme dans toutes ses formes comme les influenceurs véganes qui sont très présents sur les réseaux sociaux. On voit se créer un militantisme végane et cela se développe grâce au numérique.
II) Un mouvement (cyber)communautaire
Le web a pour particularité de pouvoir rassembler tout un groupe d’individus autour d’un intérêt commun. L’aspect plus ou moins anonyme de notre identité en ligne (on peut se « cacher » derrière un pseudo ou une image qui ne nous représente pas, généralement nos informations géographiques ne sont pas publiques sur les plateformes sociales, etc.) favorise le fait que personne, par ce qu’il est, ne pourra parler plus fort qu’un autre. Ainsi, peu importe l’âge, le niveau de vie ou encore les origines, les internautes peuvent se regrouper autour d’un intérêt commun sur Internet, lieu numérique sans frontières, pour peu qu’ils aient une bonne connexion.
C’est à travers de multiples outils digitaux que le véganisme se manifeste en ligne. En premier lieu, les réseaux sociaux – Facebook et Instagram, sur lesquels le mouvement est mis en avant de manière assez différente d’une plateforme à une autre.
Le véganisme sur Instagram s’exprime sous un aspect beaucoup plus édulcoré qu’ailleurs. En effet, ce sont majoritairement des blogueurs qui publient des photos de leurs recettes véganes, en faisant en sorte d’avoir un visuel de qualité, coloré et donc plutôt attrayant. A travers la démonstration de recettes et de plats toujours plus créatifs, il s’agirait de prouver que la cuisine végane n’est pas dénuée de gourmandise ni de saveurs, en dépit de ce que certains arguments « anti-végans » pourraient affirmer. D’autant que souvent, ce sont des plats courants mais qu’on aurait pas cru pouvoir être mangés dans une version végane. Un exemple avec le compte francophone de Melle Pigut (@pigut_vegan_cuisine), auteure de livre de recettes véganes qui donne également depuis 2016 des cours de cuisine végane à la Parenthèse Végétale.
Photos du compte Instagram @pigut_vegan_cuisine
Ce sont des codes que l’on retrouve sur la majorité des comptes Instagram végans (mettre une annexe avec plusieurs feeds). En les observant, on constate que ce réseau social sert avant tout à démocratiser la cuisine végane, dont on a coutume d’entendre qu’elle n’est pas assez nourrissante, que les végans seraient donc plus sujets à diverses carences, qu’on ne prend pas de plaisir à la manger, qu’il n’y pas de choix, etc. Pour reprendre l’exemple du compte de Melle Pigut, elle publiait le 24 août 2018 un post annonçant l’ouverture des réservations des cours de cuisine qu’elle donne :
« Ça y est, les réservations pour mes cours de cuisine de la rentrée à La Parenthèse Végétale sont ouvertes! 🎉
📆 On commencera fin septembre avec le Veggie Bowl. Mon cours préféré pour s’initier à la cuisine végé (et à la cuisine tout court, d’ailleurs) et se préparer des assiettes de folie au quotidien. (…)
📆 En octobre, on répond à la question « où tu trouves tes protéines ? ». Spoiler : on en trouve partout ! 😘 Dans ce cours, on s’attache à maîtriser tofu, seitan et protéines de soja. C’est facile et ça permet d’économiser un max en se passant des produits industriels. 🏆 Vous allez devenir dingue de tofu pané ! 😄 »
L’un des commentaires de cette publication était le suivant : « Génial ! En transition végane actuellement 😊 ». Instagram jouerait donc un rôle dans la transition d’un individu et ainsi, les « bébés végans » enrichissent leur connaissance et leur nouvelle éthique alimentaire, en partie grâce à l’aspect visuel du réseau. Respectant parfaitement cette caractéristique d’Instagram, la communauté végane et sa cuisine sont positivement mises en lumière et certains comptes dédiés cumulent des centaines de milliers d’abonnés.
La revue L’ADN publiait en avril dernier, à la suite d’une étude de Brandwatch, qu’« Instagram émerge comme le paradis des végétariens et des végans. Sur le réseau social de partage de photos, les comptes d’influenceurs végans ou végétariens se multiplient. Les mentions de ces mots-clés [ndlr : les mots “végans” et “végétariens”] sont associées à 95% à des sentiments positifs. On comprend qu’il est plus facile de rendre un açai bowl multicolore agréable à regarder qu’un steak-frites. » En tapant « les végans sur Instagram » dans le cadre d’une recherche Google, les résultats sont sans appel ; c’est bien un ton positif que l’on retrouve et le véganisme sur Instagram apparait comme tendance (« Instagram vegan : les meilleurs comptes», « Top 10 des comptes Instagram vegan », etc.). « On communique beaucoup là-dessus, c’est très important pour que ça intéresse le grand public », a déclaré Sophie Choquet, présidente de l’Association Végane de France.
Sur Facebook, ce sera un genre moins promotionnel. C’est la communauté qui s’exprime, au moyen de centaines de pages comportant le mot « végan ». Les utilisateurs concernés connaissent déjà les rudiments du véganisme. Il y a de l’actualité comme avec les pages « Les Véganes », « Vegan France » (association française qui promeut les alternatives véganes et regroupe des acteurs économique du véganisme), « Les Végans de Paris et d’ailleurs », « Vegan Magazine, etc. Sur ces pages on retrouve principalement des publications sur l’actualité de la cause végane : décisions gouvernementales, événements, promotion de restaurants véganes,… « Les Véganes » partageaient un article expliquant que le gouvernement allemand avait investi « 780,000 $ dans la recherche pour rendre la texture des alternatives à base de plantes plus ressemblantes aux produits animaux (…) dans un projet intitulé « Méthodes de texturation dans l’Extrusion Humide de la Protéine de pois et de soja. » » De l’information sur l’avancée de la cause végane mais aussi du conseil et du soutien sur les pages qui « font » le quotidien d’une personne végane. Des épiceries ou des boutiques plus générales, des associations, des restaurants ; le Facebook végane regorge de pages à thématique lifestyle, donnant aux utilisateurs concernés de quoi nourrir leur nouvelle éthique.
On y trouve également de l’humour. Les pages humoristiques véganes, comme la page « Humour Végan », publient en majorité des mèmes qui reprennent tous les discours qui lévitent autour du véganisme. Les sujets abordés demandent donc d’avoir une approche globale et plus poussée de ce qu’est le mouvement, de comprendre le quotidien de sa communauté ; les véganes se sentent donc particulièrement concernés mais plus encore, compris dans un collectif qui se comprennent entre eux et savent rire des discours qui ont pour sujets le véganisme, dont le leur.
Publications de la page Facebook Humour Vegan
Facebook contribue à dédramatiser le choix végan, en montrant qu’il peut être tout à fait ordinaire de vivre ainsi, mais également au « confort » de la communauté, dans le sens où un végane trouvera de quoi affermir ses choix, tant niveau pratique que psychologique. Il y retrouve des pairs, sûrement plus nombreux qu’au sein de ses liens sociaux directs (famille, amis proches), les végans essuyant pour la majorité l’incompréhension de ceux qui les entourent car perçus comme extrêmes. Ceci renforce leur besoin d’appartenance et de confort, qu’ils assouviront plus ou moins sur Facebook. Au-delà d’une lutte anticarniste, les végans seront confortés dans leur éthique alimentaire grâce à d’autres interlocuteurs qui partagent les mêmes valeurs. Le principe psychologique est le suivant : presque au même titre qu’une religion, leur foi vient de ce qu’ils entendent.
Dans ce même esprit communautaire, c’est à travers de nombreux blogs influents que la parole végane se répand. Des figures plus ou moins influentes du véganisme se mettent en avant et prennent la parole : des mères de famille racontent leur quotidien végane, des blogueuses lifestyle aborderont les thèmes de la cosmétique, de shopping eco-friendly, etc. Les blogs comme Maman Végane, Il Sera Une Fois ou Rose Citron vont participer à “normaliser” le véganisme, à le rendre plus abordable.
Depuis peu, le nouveau géant du streaming, Netflix, permet également d’ajouter de plus de clarté à la voix du mouvement végane. La plateforme permet de visionner des documentaires/reportages sur des sujets liés au véganisme. Ceux qui ressortent particulièrement sont les documentaires réalisés par Kip Andersen : Cowspiracy et What the Health. Le premier appuie surtout sur l’impact environnemental de l’exploitation animale et veut questionner le discours des organisations environnementales qui n’inclut pas de mise en garde au vu ce constat. What the Health a beaucoup fait réagir les internautes à sa sortie car Andersen démontre à l’aide d’études que la consommation de viande, de produits laitiers et d’oeufs serait preuves à l’appui, responsables de maladies importantes (qui concernent le coeur, cancers, etc.)
Un documentaire, ne serait-ce que par ce qu’il désigne – recherche, enquête, études – apporte de la légitimité ; le sujet mérite un peu plus l’attention de tous. Le diffuser sur le web lui donne également une chance de devenir viral. Mais l’élément qui va pousser un peu plus le véganisme sur le devant de la scène, c’est aussi le fait que beaucoup de ces documentaires sont diffusés sur Netflix. Plateforme de streaming montante, actuelle et tendance, Netflix donne une visibilité “rafraîchie” au véganisme et participe ainsi à sa popularisation. Car si elle peut à la fois permettre de visionner les dernières séries à la mode et des documentaires conscients sur le véganisme, ce qu’il peut y avoir quelque chose d’intéressant ; autant que s’il s’agissait de découvrir une nouvelle série.
De multiples outils digitaux leur servent donc d’exutoire. Ces espaces numériques publics et sans frontière ne brident pas leur parole et les véganes se popularisent auprès d’autres véganes. Se rassemblant, leur visibilité auprès du reste de la société s’accroît. Un cyber-communautarisme qui leur donne finalement d’être reconnu comme une communauté, un mouvement à part entière. Fort de leur nombre croissant, ils sont confortés, poussés dans leur action et prêts à défendre corps et âme leur cause. La popularisation serait pour eux un signe qu’ils sont entendus, que la cause avance, qu’ils gagnent du terrain. Ce mouvement qui prend de l’ampleur, peut alors générer et tendre vers un ton martial. Le terme « combat » prend peu à peu un sens moins figuré.
Le succès de la promotion du véganisme sur le web et sa mise en lumière attirent ceux qui s’y opposent ; et si la parole des véganes est propulsée grâce au numérique, leurs « adversaires » n’en sont pas moins audibles. “Ce type de réactions négatives à l’encontre des vegans et végétariens a un nom : la végéphobie. C’est ainsi que David Olivier nomme pour la première fois, dans le manifeste pour la Veggie Pride en 2001, ce phénomène de rejet et d’hostilité.”
Si Twitter n’a pas été mentionné plus haut comme réseau social permettant de mettre en avant le véganisme, c’est parce que ce n’est pas tant l’aspect communautaire qui ressort de celui-ci. En effet, c’est sur Twitter que la rupture entre végans et non-végans se cristallisenle plus. Le réseau social permet par l’utilisation de hashtags de rassembler un très grand nombre de réactions autour d’un sujet justement contractualisé par un hashtag.
En effet, Twitter donne donc lieu à un discours plus mitigé et peut même laisser place à des discours virulents voire de vifs débats concernant ce mode de vie.
En effet, contrairement à Instagram, les conversations sur le réseau social Twitter concernant le véganisme ont une connotation plus négative. Selon l’étude Brandwatch mentionné plus haut, sur un total de 121 000 mentions des mots-clé “vegan” et “végétarien” sur Twitter, seulement 38% de ces mots-clés étaient associés à des sentiments positifs.
En faisant une recherche avec le mot-clé début janvier 2019, voici les premiers tweets qui ressortent :
Ces tweets montrent le ton général employé sur Twitter à l’encontre des vegans : un ton plutôt méprisant qui relève de l’incompréhension concernant ce mode de vie.
Néanmoins, c’est un constat que l’on peut appliquer à d’autres sujets sur Twitter, un réseau social privilégiant l’expression d’opinions, différent d’Instagram qui est dédié principalement au partage de photos (agréables esthétiquement, qui plus est).
L’étude Brandwatch révèle également la faible part de tweets français concernant le véganisme (5 fois moins que les Britanniques tandis que les Américains concentrent les 2/3 de l’utilisation des mots-clés). Les vegans français sont en revanche plus sensibles à la cause animale et n’hésitent pas à en informer les autres utilisateurs à travers leur biographie Twitter. Leurs centres d’intérêt sont majoritairement la beauté et la santé, l’alimentation et l’environnement et ce sont majoritairement des femmes et des millenials.
III) Le web : un outil de dénonciation et d’aide à la transition végane
Comme nous l’avons vu, les végans s’expriment beaucoup sur les réseaux sociaux pour partager leur mode de vie, leurs conseils, leur expérience et ainsi converser avec d’autres végans. Il existe une réelle cyber-communauté végane en ligne. Mais au delà de cette fonction, les réseaux sociaux et le web en général ont une autre utilité pour les personnes véganes : celle de dénoncer les souffrances animales et leurs conditions d’élevage.
En effet, cet axe de communication largement favorisé par le web est de plus en plus utilisé par les militants vegans pour amener à une prise de conscience collective concernant ces maltraitances. L’association L214, association fondée en 2008 qui défend le droit des animaux et la cause végane, diffuse depuis sa création ces vidéos grâce à des militants infiltrés au sein d’abattoirs ou d’élevages. Les vidéos montrent des images choc : des animaux égorgés, entassés et maltraités.
« La diffusion de ces vidéos a un grand impact sur l’opinion publique et contribue à alerter les autorités », explique Brigitte Gothière, la porte-parole de l’association.
En effet, une dizaine de vidéos filmées dans plusieurs élevages ont contribué à alerter les autorités et des sanctions ont été appliquées pour près de la moitié d’entre elles.
“On a eu la trouille pendant 15 jours, nous recevions des appels cachés, des menaces de mort. Les réseaux sociaux se sont aussi déchaînés.” Les anciens salariés du Gaec à La Voix de l’Ain. Cela montre donc bien l’impact des réseaux sociaux sur l’avancée de la cause animale.
Les associations de défense des animaux ne sont pas les seules à diffuser ce type de vidéos. En effet, depuis quelques années, ces vidéos fleurissent sur les réseaux sociaux. Néanmoins, cette pratique ne fait pas l’unanimité, y compris chez les défenseurs des animaux. Si elles permettent de mettre en lumière des faits intolérables, beaucoup les considèrent trop choquantes. Pour Amalia, membre de la communauté 30 Millions d‘Amis sur Facebook, « ces vidéos donnent malheureusement des idées à certains, qui cherchent avant tout le buzz et la surenchère ». Quant à Yves, autre sympathisant de la cause animale, ces vidéos sont avant tout des témoignages essentiels « pour les animaux qui n’ont pas la parole et qui ne peuvent dire combien ils souffrent ». Récemment, Facebook a refusé de retirer la vidéo d’un chat brûlé vif, suscitant l’indignation des internautes et relançant la polémique sur la diffusion de tels contenus sur les réseaux sociaux. La réponse de Facebook est sans ambiguïté : « Le contenu ne contrevient pas au règlement de notre site ». « Les gens sont sur notre réseau social pour partager les expériences du monde qui les entoure […] si cette vidéo avait été postée avec un commentaire sadique, nous aurions supprimé cette publication » explique un représentant de Facebook dans les colonnes du Daily Mail. Sur Facebook, les vidéos de violence envers les êtres humains sont immédiatement censurées mais c’est rarement le cas pour les animaux. Néanmoins, certains contenus ont été supprimés suite à une mobilisation massive des internautes via des pétitions.
Le web, en plus d’être un outil militant de dénonciation, peut également être un outil aidant à la transition végane. En effet, ces dernières années, de nombreux sites et applications ont vu le jour pour permettre aux personnes non-vegans de le devenir ou aux personnes végans de s’aider mutuellement dans la recherche de bonnes adresses, par exemple. En effet, l’application “Happy Cow” permet à tous les végétaliens de trouver des restaurants qui proposent des aliments végétaliens, végétariens et sains. Fondé en 1999, HappyCow était un guide qui répertoriait tous les restaurants végans. Ce guide est devenu un site internet décliné en application mobile accessible dans le monde entier. L’application VegOresto est également très utilisée pour le même usage.
D’autres applications permettent, quant à elles, de scanner des produits et de voir instantanément s’ils sont végans ou non, comme l’application Kwalito. En effet, les marques ont tendances à utiliser le terme “vegan” ou “veggie” en omettant la présence de certains produits issus de l’exploitation animale. L’application fonctionne comme l’application Yuka.
Certaines applications élargissent l’option aux entreprises en général. En effet, l’application Bunny Free permet d’entrer le nom d’une entreprise et de voir si elle effectue des tests sur les animaux. L’application AirVegan, quant à elle, permet de savoir si un aéroport propose des options véganes pour se restaurer.
Il existe également des applications qui fournissent des recettes végans pour donner de l’inspiration aux personnes pratiquant ce type d’alimentation (Vegg’up, Food Monster).
Pour les personnes souhaitant devenir végan mais de manière progressive, l’application “21-day vegan kickstart” guide les utilisateurs pas à pas en leur donnant des recettes pour chaque journée et des conseils de nutritionnistes.
Selon les concepteurs, le programme est conçu de telle façon à ce que les personnes le suivant voient directement les effets sur leur santé au bout des 21 jours, ce qui les incite à continuer. De nombreux youtubeurs ont effectué le programme afin de montrer les effets sur leur corps et voir s’ils arrivaient à passer 21 jours sans consommer de produit animal. Les vidéos étaient cependant plus comme un “challenge” qu’une réelle transition. L’application est très ludique et incite donc à aller jusqu’au 21ème jour.
Tantôt pédagogiques, tantôt ludiques, les applications véganes se multiplient et connaissent un succès croissant.
Conclusion
Le véganisme est donc un mode de vie de plus en plus répandu et reconnu, comme le prouve l’entrée du terme véganisme dans le dictionnaire Larousse en 2015.
Le principal but des personnes véganes est désormais de transformer ce qui était jusque-là perçu comme un choix de vie individuel, marginal et souvent clandestin, en une question politique qui interroge l’ensemble de la société et propose un nouveau modèle.
Le web est donc pour eux un très bon levier : il permet d’une part le renforcement d’une communauté possédant les mêmes valeurs mais également la dénonciation de l’exploitation animale et les solutions et outils mis à disposition des personnes véganes ou personnes souhaitant le devenir.
Les associations militant pour le droit des animaux ont également une parole de plus en plus audible que ce soit dans les médias traditionnels ou les médias sociaux (l’association L214 compte 650 000 fans sur Facebook).
Le web a également permis de faire émerger une nouvelle génération de végans qui ne descendent pas militer dans la rue ou ne participent pas aux actions directes (vandalisation de boucheries, abattoirs, etc) mais veulent tout de même faire entendre leur voix et changer les choses. Ne se reconnaissant plus vraiment dans les mouvements précurseurs de la défense de la cause animale, ils tendent également à montrer une meilleure image du mouvement, moins radicale.
Par ailleurs, si le web fédère les végans au sein de leur communauté, il les divise d’une partie des internautes qui ne comprennent pas ce mode de vie et se montrent lassés de cette visibilité croissante q’il peut avoir. Cette « guerre 2.0 » rejaillit sur le reste du web, comme avec une lettre « anti-vegan » publiée par le Libé.
Le 11 septembre 2018, un message anti-vegan publié par un internaute sur Facebook a été repartagé plus de 8 000 fois, touchant des centaines de milliers de personnes. Dans ce “Message à l’attention du militan vegan qui a saoulé tout le wagon bar du train ce matin”, l’internaute exprime un ras-le-bol envers les personnes vegans qu’il décrit comme moralisatrices et arrogantes. Ce message a suscité une vive émotion chez les personnes véganes qui ne comprennent pas comment ce message “insultant” puisse être autant “liké” et partagé.
La suppression de l’oeuf de l’emoji représentant une salade sur Android a également fait polémique, certains n’appréciant pas les changements pour ajouter toujours plus « d’inclusivité » dans les design des émoticônes. Néanmoins, cet exemple montre que le mouvement végan est pris au sérieux même par les géants du Web.
Sources
- CARREY Pierre, “Les végans sur le gril”, mis en ligne le 19 mars 2018, consulté le 23 janvier 2019. https://www.liberation.fr/france/2018/03/19/les-vegans-sur-le-gril_1637393
- Sandrine Mathen, “Le véganisme, une entrée en religion”, consulté le 27 décembre 2018, https://www.unadfi.org/wp-content/uploads/2018/01/Le-veganisme-une-entree-en-religion.pdf
- JP Géné, “Végan, une histoire de culte”, consulté le 28 décembre 2018, https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2016/02/24/vegan-une-histoire-de-culte_4871005_4497319.html
- Arthur Jégou, “Le business-vegan-secteur-pleine-croissance”, consulté le 03 janvier 2018, https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/business-vegan-secteur-pleine-croissance-1288061.html
- Valentine Cuzin, “Décryptage : pourquoi la tendance vegan peut être profitable à un restaurant omnivore ?”, consulté le 27 décembre 2018, https://malou.io/decryptage-pourquoi-tendance-vegan-profitable-restaurant-omnivore/
- Le cabinet d’études BrandWatch a mené une étude concernant l’utilisation des mots-clés « végan » et « végétarien » (ainsi que leurs dérivés) sur les réseaux sociaux en France, aux US et au Royaume-Uni entre le 1er janvier et le 28 février 2018 sur Twitter, Facebook et Instagram.
- HUOT Alice, « Twitter déteste les végans, Instagram les adore », L’ADN, mis en ligne le 4 avril 2018, consulté le 13 janvier 2019.https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/etude-marketing/etude-social-media-qui-sont-les-vegan-et-les-vegetariens/
- LAURENT Sibylle, « Salon du Végan : pourquoi ce mode de vie s’impose de plus en plus en France ? », LCI, mis en ligne le 6 avril 2018, consulté le 22 janvier 2019.https://www.lci.fr/societe/veggieworld-pourquoi-le-vegan-vegetalisme-s-impose-de-plus-en-plus-en-france-1510998.html
- BOULO Justine, “Pourquoi déteste-t-on les végans ?”, Slate, mis en ligne le 27 novembre 2017, consulté le 24 janvier 2019. http://www.slate.fr/story/154157/vegans-vegetariens-vegephobie