LES MONDES NUMERIQUES

Blog des Masters en Sciences Sociales de l'Université Gustave Eiffel

La diaspora d’Ambohimalaza : une communauté historique de Madagascar qui s’est intégrée en France

5 août 2018, 18:55. J’atterri pour la première fois sur le sol français, à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle avec quelques Malagasy dans l’avion d’Air Mauritius. Un voyage assez long car j’ai quitté Madagascar, mon pays, les terres de mes ancêtres, le 4 août 2018 à 22:10. Je suis surtout envahi d’un sentiment de tristesse, car je savais que je ne reverrai pas toute ma famille avant des mois, voire des années, qui sait ? Toute ma famille, ce n’est pas seulement mes parents et mon petit frère, c’est aussi mes grands-parents, mes oncles, mes tantes, mes cousins et mes cousines, qui m’ont raccompagné jusqu’à l’aéroport d’Ivato à mon départ. Certains sont venus de la province de Majunga, juste pour me dire au revoir et surtout me laisser quelques mots, comme : “n’oublie pas ta famille”, “n’oublie pas tes origines”, “n’oublie pas de prier Dieu tous les jours”…

Et pourtant, venir étudier en France n’était pas une contrainte, bien au contraire : c’est une opportunité que des milliers de Malagasy veulent saisir en postulant à CampusFrance Madagascar, un an à l’avance. Les centaines qui sont acceptés par quelques universités françaises pourront ensuite déposer leurs demandes de Visa auprès du Consulat général de France à Tananarive. Parmi eux, certains obtiennent un refus pour diverses raisons, notamment l’insuffisance de moyen financier, et certains s’abstiennent même de déposer leurs demandes car sans hébergement, les ressources financières mensuelles de 615 euros requises pour subvenir aux besoins d’un étudiant en France, représentent en moyenne 10 fois le moyen d’existence d’un Malagasy. En effet, plus de 92% de la population à Madagascar vit avec moins de 2 dollars par jour[1]. La fierté et la joie de mes parents pour cette première étape accomplie, accompagnent donc les larmes de tristesse due à la séparation momentanée.

Le plus dur reste cependant à venir pour que tous ces efforts, tant intellectuel que financier, ne soient pas vains. Certains diraient sûrement qu’il n’y pas lieu de se plaindre… Cependant, les moments de festivité me ramènent souvent à me rendre compte que je suis à 8 500 km de ma grande famille. Les échanges de cadeaux pour le “Santa secret” font place à la célébration conviviale de toute la famille autour d’un bon repas malagasy préparé par nos soins. Mais comme il est dit dans le proverbe malagasy: “Aiza no dia ho anao avokoa ny valala manatody sy fandria-maraina ?” [2] qui se traduit littéralement par “Comment pourriez-vous attraper les sauterelles pondeuses et faire la grasse matinée en même temps?” : les sauterelles partent très tôt le matin de l’endroit où elles ont dormi donc ceux qui veulent les attraper doivent se réveiller avant elles. La morale de l’histoire est qu’on ne peut pas avoir deux choses qui s’opposent en même temps, il faut en choisir une. Quand le choix de venir étudier en France a été pris, l’intégration à une nouvelle communauté a été automatique. Ce qui pourrait laisser penser à un déracinement progressif par rapport à la communauté d’origine. Cependant, la notion de migrant connecté de Dana Diminescu [3]nous montre une toute autre réalité : “Le déraciné, en tant que figure paradigmatique du monde migrant s’éloigne et fait place à une autre figure, encore mal définie : celle d’un migrant qui se déplace et fait appel à des alliances à l’extérieur de son groupe d’appartenance, sans pour autant se détacher de son réseau social d’origine. Équipé en téléphone mobile, Internet, etc., ce migrant connecté s’inscrit dans une « modernité liquide » et pourrait étendre ses racines partout.” En effet, grâce aux technologies d’information et de communication, le migrant s’assimile, tout en préservant ses liens avec son origine.

Sur Facebook, outre les liens d’amitié virtuelle, des communautés se forment pour rassembler les originaires d’un pays, d’une région, voire d’une localité, ce qui est le cas des natifs de l’une des 12 collines sacrées de l’Imerina (Merina est le terme utilisé pour parler des personnes, et Imerina de l’ethnie et de la région) à Madagascar : Ambohimalaza, la terre de mes ancêtres.

Quels usages la diaspora d’Ambohimalaza a-t-elle développés sur Facebook ?

Pour y répondre, nous verrons en premier lieu les spécificités de cette communauté qui s’inscrit dans l’histoire Madagascar et de sa migration, nous parlerons ensuite des usages liés à la préservation de sa culture, et enfin, des usages notamment numériques, liés à son assimilation dans le pays d’accueil.

Pour cela, des entretiens ont été menés auprès des membres de cette communauté, réunis dans une association présente sur une page Facebook[4].

Cette localité recèle une histoire particulière, ce qui fait que ses natifs se considèrent comme une communauté à part entière. En effet, Ambohimalaza est la colline où un prince dénommé Andriantompokoindrindra, fils aîné du Ralambo (1575-1612), a été amené à régner. Il n’a pas succédé à son père dans le royaume Merina, contrairement à son frère cadet Andriamanelo. Cependant, cette non-accession légitime de l’aîné au pouvoir, a toujours été un sujet de discorde entre les historiens, amenant à deux versions contradictoires de l’histoire. D’une part, par le Révérend Père François Callet avec son ouvrage Tantara ny andriana, [5] contredit par le Dr Rasamimanana dans son ouvrage Ny Andriantompokoindrindra sur des faits qui expliquent le rôle du prince dans la royauté malagasy.

Schéma issu de l’ouvrage
Apports des traditions dans les successions royales merina,
 d’ Andrianavalona Aina RAZAFIARISON 

La première version est que le roi d’un petit royaume à l’est d’Antananarivo, Ralambo, eut plusieurs enfants de ses diverses femmes. L’histoire retient comme les plus légitimes, deux de ses fils. L’aîné, issu de son union avec une princesse du nord d’Antananarivo nommée Ratompokoamandrainy Rabehavina, fut le prince Andriantompokoindrindra. Le fils cadet, né plus tard avec la nièce du roi (fille de son cousin germain) nommée Ratsitoinomanjaka, fut le prince Andrianjaka. L’éviction d’Andriantompokoindrindra à la succession, selon la version la plus répondue, est due à son caractère joueur et insouciant. En effet, le roi Ralambo aurait appelé son fils aîné à trois reprises pour lui venir en aide lorsque les armées ennemies attaquaient son royaume, mais Andriantompokoindrindra n’a pas répondu présent. La quatrième fois, le roi aurait convoqué ses deux fils pour cause de maladie, tout en jurant que le premier arrivé serait consacré roi. Évidemment, le cadet, Andrianjaka était le premier arrivé et serait consacré roi. Andriantompokoindrindra n’était pas venu au chevet de son père car étant un joueur invétéré, la fin de sa partie de fanorona[6] fut encore très serrée et il allait essayer de gagner avec trois pions contre cinq. Une anecdote retenue par l’histoire comme étant la raison de la non accession d’Andriantompokoindrindra au pouvoir.

La deuxième version raconte que les reines Rangita et sa fille Rafohy, fondatrices de la dynastie régnante jusqu’à l’abolition du royaume de Madagascar, avaient voulu résoudre le problème de la possible concurrence dans l’exercice du pouvoir royal entre leurs successeurs: Andriamanelo (le père du roi Ralambo) et Andriamananintany. Pour ce faire, elles avaient institué la loi du “fanjakana arindra” qui consiste à faire succéder au pouvoir l’aîné et le cadet. Andriamanelo, réputé doté d’une très vive intelligence d’esprit, avait très rapidement compris la précarité de ses attributs royaux. Il aurait donc assassiné son frère Andriamananitany, afin d’accéder directement au trône. Il était cependant inquiet par rapport à la non observance des recommandations de la reine mère Rafohy que pour contourner la possible malédiction, il maria sa soeur Rafotsindrindramanjaka à Andrianamboninolona (fils d’Andriamananitany) qui aurait dû succéder à son défunt père, mais qui s’est désisté. Le roi Andriamanelo leur a promis que si sa soeur mettait au monde un enfant mâle, il serait le prince héritier, tandis que si c’était une fille, ce serait la princesse, future épouse de son fils Ralambo, et que leur enfant serait le roi héritier légitime du royaume. De cette union est née Ratsitoinomanjaka, la mère d’Andrianjaka, successeur de Ralambo. Force est de constater que le pouvoir revenait à Andrianjaka. En outre, la tradition parle aussi d’une convention entre les deux frères stipulant que toutes les premières épouses de futurs rois devraient être des descendants d’Andriantompokoindrindra, vu que le pouvoir a été attribué à Andrianjaka.

Cependant, des questions se posent. Si la légitimité d’Andrianjaka est incontestable, pourquoi la tradition officielle ne s’était-elle appuyée sur cette seconde version afin d’établir le caractère irrévocable du choix pour le fils cadet Andrianjaka? Pourquoi la tradition officielle s’est appuyée en priorité sur le problème de personnalité d’Andriantompokoindrindra? Si la légitimité d’Andrianjaka est irrévocable, pourquoi fallait-il autant rabaisser l’aîné pour rehausser l’auréole déjà acquise du cadet ?

Malgré ces controverses, le fait est que la descendance du prince Andriantompokoindrindra, originaire de la colline d’Ambohimalaza, est réputée pour la préservation des valeurs de la tradition Merina, notamment le fameux “Lova tsy mifindra” qui se traduit par “L’héritage qui ne changent pas de propriétaire”. L’ethnologue français Paul Ottino (1930-2001), dans son livre “Les champs de l’ancestralité à Madagascar : parenté, alliance et patrimoine”[7], le traduit par « mariage endogame patrimonial ». Autrement dit, c’est une stratégie à l’intérieur de la famille, afin de conserver le patrimoine (généralement des terres ou du bétail). Dans la tradition Merina, il s’agissait surtout du pouvoir. Pour les souverains Merina, la référence était toujours la mère d’Andrianampoinimerina (1745-1810), autrement dit Ranavalonaandriambelomasina la bien nommée. Elle était la soeur d’Andriambelomasina, un illustre roi d’Ambohimanga, mort en 1770, et c’est à travers elle que les rois et reines à partir de Ranavalona I accédaient au trône.

En ce qui concerne les interdits, les cousins germains issus de deux frères ou de deux sœurs ne pouvaient pas se marier entre eux, l’idéal était les cousins germains issus d’un frère et d’une sœur. Ce fut le cas des cousins germains issus de l’oncle et de la mère d’Andrianampoinimerina. Cette pratique a toujours été préservée par les descendants d’Ambohimalaza, les liens sont multiples entre des cousins germains, d’où la notion de “grande famille” d’Ambohimalaza.

Le royaume devint officiellement le royaume de Madagascar en 1817. En effet, les Merina, ayant acquis très tôt la conscience de l’État, ressentaient trop leur supériorité pour ne pas se lancer à la conquête du Pays tout entier. Au milieu du XIXème siècle, la souveraineté Ambaniandro pesait sur les trois quarts de l’île grâce au roi Andrianampoinimerina (le seigneur du cœur de Merina), né sous le nom de Ramboasalama Razaka. Il fut considéré comme le grand rassembleur et fondateur du puissant royaume Merina. Grand conquérant, il mena plusieurs expéditions contre plusieurs royaumes et est l’auteur de la célèbre déclaration “Ny ranomasina no valam-parihiko” qui se traduit par “La mer est la limite de ma rizière“. Cela voulait dire qu’il voulait régner seul et étendre ses conquêtes dans toute l’île.

 Les premiers touchés par sa politique d’expansion seront les Betsileo, vivant un peu plus au Sud. Son fils, Radama Ier, bénéficiant de la concurrence que se livrent Français et Britanniques pour coloniser l’île, et choisissant le parti des seconds contre les premiers, va étendre ses conquêtes aux régions côtières et au Nord.  Celles-ci lui vont lui appartenir dès 1817. Puis en 1822, il possèdera le royaume Sakalava et ses alentours. Radama réussit ainsi à faire de Madagascar pratiquement un seul royaume. Les Merina, connus à l’époque coloniale du nom de Hova, qui est en fait seulement le nom de l’une des castes qui compose leur société, se divisent en trois castes : il y a tout d’abord la famille royale, appelée en malagasy « Andriana » ou « noble ». Ensuite, il y a les « Hova » ou « roturier » qui sont les familles de la classe moyenne, et enfin il y a les « Andevo » ou «esclave » que l’on considère comme des familles pauvres.

Au départ, tous étaient de la même classe : les « Hova ». Mais comme tout le monde ne peut pas régner tous ensemble en même temps dans un royaume, le peuple a choisi une personne honnête, sage et respectable que tout le monde honore parce qu’elle sait régner et arrive toujours à résoudre les problèmes, en tant que souverain. Cette personne s’est mariée et avait eu des enfants en qui elle a transmis sa sagesse. L’un de ses enfants lui succéda à son trône, et ainsi de suite. C’est ainsi que naquirent les « Andriana ». Les « Andevo » quant à eux, ont été les peuples vaincus qui devenaient les esclaves des vainqueurs durant les guerres tribales.

La migration de la communauté Ambohimalaza en France n’est pas définie dans le temps, elle est comptée parmi le flux migratoire des malgaches, qui représente la plus grande communauté africaine en France.[8] Cette migration remonte vers les années 1880, où il s’agissait de migrations de savoir et de contingents militaires. C’étaient des étudiants originaires de la capitale, dont les familles sont particulièrement bien considérées par les autorités coloniales, ou encore les familles de la royauté Merina qui sont venus en France pour suivre des formations en Médecine et en théologie principalement. En outre, près de 40 000 soldats malgaches ont été envoyés sur le front en 1914. La Seconde Guerre mondiale, considérée par C. Crenn (2013)[9] comme un « moment fondateur de l’histoire migratoire malgache », mobilise quant à elle près de 14 000 soldats. La défaite française de 1940 conjuguée aux sentiments d’ingratitude de l’État français vis-à-vis de ses soldats d’outre-mer à l’issue de la guerre a marqué les esprits. Paradoxalement, alors que ces soldats ont gagné le droit d’être français, ils s’estiment « plus malagasy que jamais » et certains intégreront alors les mouvements de lutte politique contre la présence coloniale. Les évènements de 1947 ont contraint à l’exil certains jeunes étudiants nationalistes. Parallèlement, des étudiants issus de la haute bourgeoisie de Tananarive, dont les parents entretenaient des liens privilégiés avec le système colonial parvinrent aussi à quitter l’île. À cette époque, l’éparpillement géographique de ces étudiants fut imposé par la France pour éviter de laisser se regrouper les étudiants nationalistes. Cette génération de migrants étudiants, tiraillés entre fascination pour la France des lumières et lutte contre le pouvoir colonial s’est dotée en France d’une conscience politique aiguë, et s’est ensuite réintégrée à la société malagasy pour y occuper les mêmes places que les agents coloniaux français.

Entre 1975 et 1990, la dégradation des conditions d’enseignement à Madagascar ont amené à une émigration élitiste et étudiante, non seulement pour les études mais pour s’y installer. Les parents de ces jeunes travailleurs ne tardent pas à les rejoindre en France dans le cadre du regroupement familial, s’ils n’ont pas déjà la double nationalité. On assiste donc à cette époque à une forme d’expatriation en France de l’élite malgache. Ce phénomène constitue le premier socle de la diaspora malgache en France. Chantal Crenn note que pour cette génération, la culture française devient un signe ostentatoire de différenciation lors des retours épisodiques au pays, alors qu’en France la stratégie d’invisibilité est de mise. Cette première génération installée a, comme souvent dans l’émergence de réseau diasporique, ouvert la voie aux séquences suivantes.

A partir de 1990, la migration des Malgaches en France constitue plusieurs facettes : les étudiants semblent désormais provenir moins exclusivement de la bourgeoisie des hauts plateaux et privilégient souvent des filières plus courtes ou en alternance, et alternent leurs formations avec un travail d’appoint (livreurs, jeunes filles aux pairs…). Ceux-ci privilégient parfois l’entrée dans la vie active sans avoir obtenu leurs diplômes. A l’inverse certains prolongent la durée des études pour continuer à résider en France. En outre, un accroissement des migrations maritales a été aussi relevé par Jean-Claude Rabeherefara[10] en 2009, à travers la croissance de l’activité des agences matrimoniales, facilitée entre-autre par l’ère numérique.

Aujourd’hui, les évaluations de la diaspora malgache en France varient autour de 140.000 personnes, toujours selon l’étude
sur la diaspora malagasy en France[8], selon deux définitions possibles : migrants originaires de Madagascar, nés à Madagascar et Malgaches nés à Madagascar ou ailleurs, mais vivant en France. Le nombre d’étrangers malagasy établi en France s’élève quant à lui à 19 685 selon le recensement de 2012 de l’INSEE, les données des recensements antérieurs ne sont pas disponibles. En revanche, les données disponibles nous apprennent que le nombre d’immigrés malagasy en France est en progression constante. Il a été multiplié par 5 entre 1982 et 2012. Après une forte augmentation entre 1999 et 2008, il semble que la tendance actuelle soit à une augmentation moins marquée. Ce léger ralentissement peut s’expliquer par la restriction des conditions d’accès au territoire français et éventuellement la crise politique qu’a traversé Madagascar. A partir des données disponibles du recensement de l’INSEE en 2008, il est possible de tenter d’estimer avec plus de précision le nombre de personnes que l’on peut inclure dans le potentiel diasporique malagasy. En multipliant le nombre de familles immigrées malagasy par la taille moyenne de ces familles et en y ajoutant les immigrés vivant seuls on obtient le nombre 87 677 en 2008. A cela peuvent s’ajouter les étrangers malagasy nés en France, qui sont probablement peu nombreux et les individus en situation irrégulière et de ce fait non recensés. Ainsi les estimations du potentiel diasporique malagasy comprises entre 100 000 et 140 000 individus en 2016 semblent cohérentes compte tenu des flux plus récents.

Cependant, la communauté malgache est définie comme étant une « Communauté invisible » toujours selon l’enquête[8] menée par les chercheurs de l’IRD (Institut de recherche et développement), DIAL (développement, institution et mondialisation) et INED (institut national des études démographiques). «La diaspora malgache s’inscrit plus que les autres communautés dans une logique individuelle d’intégration dans la société d’accueil», écrivent les auteurs. « Elle est beaucoup plus souvent naturalisée que les autres diasporas (63%).»

Cette invisibilité ne correspond cependant pas à la visibilité de cette communauté sur le web 2.0 en ce qui concerne les descendants d’Ambohimalaza. Une présence est perçue via une page Facebook du nom « Ambohimalaza Aty Andafy » qui signifie « Ambohimalaza à l’étranger ». Il s’agit d’une association de la diaspora d’Ambohimalaza sur Facebook et qui fête son 10ème anniversaire cette année. Elle compte actuellement 1 201 abonnés qui sont en interaction sur cette page. La présence numérique de cette communauté ne se limite pas à la page de l’association. Les “Andriantompokoindrindra” se considèrent comme tel sur Facebook, non seulement par l’indication d’Ambohimalaza comme étant l’origine dans le profil, mais aussi par l’existence de comptes, de groupes ou de pages portant le nom de la localité. En effet, on peut trouver par exemple le compte “Ambohimalaza France” comptant 2 061 amis, le groupe “Ambohimalaza in the world” ayant 403 membres, ou encore le groupe “Jeunes Ambohimalaza Aty Andafy” rassemblant 257 membres.

L’association “Ambohimalaza aty andafy” a été créée le 29 août 2015 suite à la clôture d’un ancien groupe officiel, « suite à une piratage » selon une publication sur la page. La cause étant l’auto proclamation de l’un de ses membres comme étant l’administrateur du groupe. Les membres du bureau de l’association ont donc décidé de créer cette nouvelle page Facebook en guise de page officielle. Elle compte actuellement 2 101 abonnées qui ne sont pas seulement constitués des membres de l’association.

Les résultats de notre questionnaire montrent que parmi ces abonnés, 81,8% vivent en France, 9,1% au Canada et 9,1% à Madagascar. Cependant, ils sont tous originaires d’Ambohimalaza.

Aussi, on peut catégoriser les membres par tranche d’âge. Ici, les plus de 50 ans représentant 63,6%, un taux qui est plutôt surprenant, compte tenu du fait que le questionnaire a été posté sur Facebook, et plus précisément sur la page de l’association. Une participation qui pourrait cependant être expliquée, car durant le culte œcuménique organisé par l’association pour le nouvel an, nous avions sollicité les membres à participer au questionnaire, et c’était surtout des personnes âgées qui y étaient présentes.

Le taux de participation reste cependant faible par rapport au nombre de personnes qui ont assisté au culte, seulement 11%. En effet, nous n’avons eu que 11 réponses. Cette faible participation est aussi constatée au niveau des interactions dans les publications et les commentaires de la page. Selon la présidente de l’association , Sarindra Razafindraleva (que nous n’avons pas pu interviewer mais qui a bien voulu nous parler de manière informelle), “une publication qui dénigre la noblesse d’Ambohimalaza a été posté par un abonné”. C’est pour cela que depuis, seuls les administrateurs de la page, dont les membres du bureau de l’association, peuvent publier des posts sur la page.

En outre, les moins de 17 ans et ceux entre 25 et 34 ans n’ont pas du tout été représentés dans les résultats du questionnaire, des tranches d’âge qui devraient pourtant être présentes sur Facebook. Nous avons également remarqué que leur participation a été très encouragée durant le culte œcuménique, pour la lecture des versets bibliques et pour entonner un chant de louange.

Zoly, une jeune fille de 24 ans affirme que son abonnement à la page de l’association a été sollicité par son père. Elle dit aussi ne jamais visiter la page, sauf dans les cas où sa famille lui demande, pour voir les annonces relatives aux activités organisées par l’association. Les résultats du questionnaire confirment qu’effectivement, la majeure partie des membres sont abonnés à la page grâce à la famille (45,5%). Aussi, 27,3% ont été invité par une tierce personne. Cependant, l’implication à l’association reste faible. La raison évoquée concernant l’abonnement à la page se limite à la connaissance de l’association (63,6%). 72,7% pensent que la page sert à échanger des informations sur Ambohimalaza et 45,5% pensent que l’utilité de la page est surtout pour la solidarité des natifs d’Ambohimalaza. Interrogée sur le sujet, la présidente de l’association affirme que les membres actifs de l’association diffèrent selon les activités proposées, ce qu’est le cas dans toute association. Par exemple, les festivités à l’occasion de la fête de l’indépendance de Madagascar, le culte œcuménique ou encore le réveillon du nouvel an sont principalement les activités proposées. “Il y ceux qui sont plus intéressés par les soirées… d’autres par le culte” explique-t-elle. Des faits qui nous amènent à dire que la tradition n’est plus préservée dans un tout car chacun prend un peu part de ce qui lui convient. D’ailleurs, même si Zoly est en connaissance de cause du “lova tsy mifindra”, elle ne se forcera pas à épouser un Ambohimalaza selon ses dires : “Si mon futur mari est d’Ambohimalaza, c’est tant mieux pour mes parents, sinon je ne me forcerais pas d’en épouser un!”,  » On est en 2019 et on a le droit d’être avec qui on veut ». Elle ne transmettra pas non plus ces tradition. D’ailleurs, elle ne se considère pas vraiment comme étant adhérente à l’association.

En outre, on peut aussi constater sur la page que nombreuses sont les publications concernant des avis de décès. Ce type de publication rassemble le plus de réactions et de commentaires dans la page. Un bon nombre présente à chaque fois ses condoléances par un commentaires, ou la réaction de tristesse via un emoji.

Dana Diminescu, Sociologue à Télécom ParisTech, s’attache à étudier ce lien entre migration et numérique qui remet en question la figure classique du migrant déraciné. Elle détaille les implications des nouveaux usages sur les processus migratoires et la vie des migrants. Selon ses dires, le lien s’est vraiment révélé au moment de la crise migratoire de 2015. Ses premières observations ont été celles de l’usage d’un téléphone mobile par un collectif de migrants vivant dans un squat. Le téléphone était pour eux une vraie révolution, car celui-ci leur apportait une aide précieuse. Ils s’en servaient pour développer un réseau, trouver des contacts. Cela leur a permis de trouver du travail, un logement, de quoi mieux s’intégrer. Deux ans après, ceux qui vivaient dans le squat étaient sortis de la rue, et le mobile était en bonne partie responsable de ce succès. En outre, les réseaux sociaux jouent un rôle très fort de support à l’intégration, pour tous les migrants, de toutes origines, et de tout capital culturel. L’une des premières choses qu’ils font en arrivant sur le territoire de destination est d’utiliser Facebook pour trouver des contacts.

L’assimilation de la diaspora d’Ambohimalaza en France est cependant nécessaire pour qu’elle puisse s’intégrer dans sa société d’accueil. Dans le questionnaire, nous avons demandé aux abonnés de la page de l’association s’ils appartenaient à d’autres groupes Facebook. Ceux-ci répondent souvent qu’ils sont dans de nombreux groupes, et évoquent particulièrement un groupe fermé dénommé “Gasy serasera ofisialy” qui se traduit littéralement par “Communication officielle des Malagasy”. Dans ce groupe, il s’agit surtout d’entraide par le partage d’expérience ou de bien et service à vendre. Les expériences concernent surtout la régularisation des papiers en France et les biens concernent des appartements à louer ou encore des services de transports de marchandises pour Madagascar. Une similarité est pourtant remarquée, les membres du groupe préfèrent souvent publier anonymement des questions d’ordre personnel via les administrateurs, les questions posées sur ces sujets sont abordées dans les messages privés.

Aussi, nous leur avons demandé s’ils avaient des remarques libres à ce sujet. Nous avons eu comme réponse :

“Nous sommes membre d’une communauté royale, nous avons une identité, c’est une bonne chose de perdurer notre identité. Par contre, trop de famille sont partis, et ce pour toujours. Ceux qui sont encore au pays, n’arrivent pas à gérer au mieux le patrimoine laissé par nos parents. Ambohimalaza n’est plus que l’ombre de lui même, où tout les parties prenantes au pouvoir vont faire main basse. La cause c’est que nous mêmes n’avons pris le temps d’enregistrer en notre nom les terrains durement acquis par nos parents, nous n’avons rien fait dessus depuis sur nos terrains cadastraux. Organisez vous tous (diaspora), créer un cercle qui va assurer les paperasses administratives concernant ces terrains, investissez à Ambohimalaza, nous serons tous gagnants. Nos terrains ne sont pas à vendre, on ne vend qu’ entre nous mêmes, entre nous comme le veut la tradition, «  ny tanindrazana dia tokony mijanona ho an’ny  terak’Andriantompokoindrindra. Sans nos terres, on perdra notre identité.”
(traduit par « les terres des ancêtres devraient rester aux descendants d’ Andriantompokoindrindra »).

Cette interpellation fait appel aux natifs d’Ambohimalaza pour des actions visant à préserver cette culture commune aux descendants d’Andriantompokoindrindra, plutôt dépourvus face à la situation où se trouve le pays et les terres d’Ambohimalaza en particulier, les terres des ancêtres qui ne devraient appartenir qu’à ses descendants. Et pourtant, l’ouverture à la culture française semble pénétrer petit à petit cette culture riche en histoire. On retrouve des enfants malagasy qui ne comprennent plus la langue ou qui ne sont jamais allés à Madagascar. Force est de constater que tantôt la communauté se referme en elle-même, mais son intégration dans une autre culture l’amène à s’ouvrir au monde.

Finalement, il est facile de constater que les Ambohimalaza continuent de garder un lien étroit entre eux. Il y a des codes traditionnels spécifiques qui se transmettent encore de génération en génération. En revanche, on sent que certaines traditions ne continuent pas d’être appliquées, comme le mariage entre Ambohimalaza qui semble être une contrainte pour les jeunes.

Le numérique permet quant à lui de garder un lien avec la famille restée au pays, et facilite le contact avec les différents membres de la communauté. Néanmoins, les jeunes se sentent moins concernés, et ne sont pas si actifs dans le groupe de l’association.

Nous pouvons donc imaginer que les jeunes Ambohimalaza délaissent petit à petit les traditions afin de s’intègrer de plus en plus dans leur pays d’accueil.  

Notes

[1] Banque Mondiale, 2018

[2] Houlder, 1895

[3] DIMINESCU Dana, « Présentation », Réseaux, n° 159, 2010/1, p. 9-13.

[4] Groupe Facebook nommé Ambohimalaza Aty Andafy, disponible à cette adresse : https://www.facebook.com/ambohimalaza.atyandafy/

[5] CALLET Francois, Tantara ny andriana, Tananarive : Académie malgache, traduit et publié en 1953

[6] Jeu de société encore très prisé de nos jours à Madagascar

[7] OTTINO Paul, Les champs de l’ancestralité à Madagascar. Parenté, alliance et patrimoine, Paris : Karthala/Orstom, 1998

[8] Selon l’étude « La diaspora malagasy en France et dans le monde : une communauté invisible ? » réalisée par Mireille Razafindrakoto (IRD-DIAL), Nicolas Razafindratsima (INED), Nirintsoa Razakamanana (IRD-DIAL), François Roubaud (IRD-DIAL) en octobre 2007.

[9] CRENN Chantal, “L”auto-catégorisation des Merina et leur identification par les membres de la société française”, Journal des anthropologues, n°72-73, 1998, p.119-136

[10] RABEHERIFARA, Jean-Claude, “Malagasin’Andafy-France : identités, réseaux et pratiques”, Paris : Éd. Karthala, 2009

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DIMINESCU Dana, RENAULT Renault et JACOMY Mathieu, « Le web matrimonial des migrants », Réseaux: les migrants connectés TIC,mobilités et migrations, n°159, 2010, p.25-30

MOUA Mayhoua, « Diversité culturelle et usages du web: les pratiques communautaires à travers le forum ”hmong”», Réseaux: les migrants connectés TIC,mobilités et migrations, n°159, 2010, p. 199-128

Entretien avec Zoly, une Ambohimalaza de 24 ans.

Question : A Madagascar, qu’elles ont été les valeurs que l’on t’a inculquées quand tu étais encore à Madagascar ?

Le respect des autres et surtout des grandes personnes, l’amour de la famille et la foi en Dieu.

Question : Quelles sont les traditions spécifiques Ambohimalaza que tu connais ?

Dire «  Tsaravà tompoko  » (salutation propre à la noblesse que les Andriantompokoindrindra pratique toujours entre eux, notamment envers les aînés) aux grandes personnes et à toutes personnes qui vient d’Ambohimalaza qui ont le même âge que mes parents. Après je ne sais pas, peut-être aller à l’Eglise avec tous les Ambohimalaza je pense, et à Noel et aux grandes fêtes, voila.

Question : Et à propos des conjoints/des futurs conjoints ?

(Elle hésite) alors on m’a toujours dit que c’était bien….

Question : Qu’est-ce qu’on t’a dit au niveau de ta famille, surtout tes parents ? Quelles sont tes appréhensions ? Qu’est ce que tu en penses maintenant ? Personnellement ?

(Elle hésite) Alors… ils m’ont dit que dans la tradition, heu, les Ambohimalaza se mariaient avec les Ambohimalaza uniquement, donc ils demandent les origines à leur futur époux avant de s’engager. Ce que j’en pense maintenant c’est que je ne suis pas trop d’accord avec ça parce qu’on est en 2019 et on a le droit d’être avec qui on veut, parce que j’ai connu beaucoup de couples qui sont ensemble à cause de ca et qui ne sont pas heureux, et d’autres qui n’ont pas subis ca, et qui sont heureux.

Question : Donc ça c’est un exemple que tu as évoqué, d’autres personnes, heureux avec cette tradition la et d’autres pas heureux, pourquoi tu te mets du coté des autres qui ne sont pas heureux à cause de cette tradition ?

Non mais parce qu’il y a des gens qui n’ont pas subis la tradition et qui sont heureux quand même, même s’ils n’ont pas suivi, mais (elle hésite), parce que (elle hésite)… Moi je suis avec quelqu’un qui n’est pas d’Ambohimalaza et je n’ai jamais cherché quelqu’un qui soit d’Ambohimalaza mais je n’aime pas en fait le côté trop tradition et trop forcé de la chose. Après, si mon futur époux est d’Ambohimalaza, tant mieux pour mes parents, mais pour moi ca ne change rien (elle rigole)

Question : Tu es adhérente à l’association depuis quand ?

Je ne suis pas vraiment adhérente à l’association, je viens ici parce que ma famille m’a demandée de venir (elle rigole). (Elle hésite) sinon je suis la page Facebook Ambohimalaza aty andafy mais cest tout, sinon je ne suis pas dedans (elle rigole)

Question : tu t’es abonnée à cette page justement pour quelle raison ?

(Elle hésite) parce que mes parents m’ont demandé de rester en contact avec les gens d’Ambohimalaza et parce que justement il y a ces valeurs la de respect, d’amour et surtout on ne s’éloigne pas les uns des autres.

Question : tu es ici en France depuis déjà quelques années, qu’est ce que ca représente encore pour toi d’être originaire Ambohimalaza ?

(Elle hésite) Bah je suis fière de mes origines. (Elle hésite) je pense que c’est … Les Ambohimalaza sont des gens qui ont un fort caractère, qui sont fiers de ce qu’ils sont, et surtout pour des… (elle hésite), nous on est, à Madagascar on a été une colonie et en fait, une des mauvaises choses de la colonisation c’est qu’on a tendance à ne pas être fier de qui on est mais les Ambohimalaza sont très très fiers de ce qu’ils sont et ca je le garde en moi aussi, de ne jamais oublier d’où tu viens. Voila.

Question : Après, toi peut être que tu vas te marier avec un malgache, un Ambohimalaza ou pas, mais le fait que tu viennes d’ Ambohimalaza est ce que tu vas le transmettre à tes enfants ? Et jusqu’à quel point ?

(Elle hésite) Je ne vais pas le transmettre à mes enfants, par contre je vais leurs dire que c’est ce qui se faisait avant mais je ne vais pas être comme les parents de mes parents qui ont dit « il faut que tu sois … » alors que, c’est vrai que j’en ai rencontré des garçons très gentils, d’Ambohimalaza, malgaches, mais c’était juste de l’amitié, on est très proches mais c’est pas allé jusqu’à être fiancé, ou un mari.

Question : Est-ce que le fait qu’une personne vienne d’Ambohimalaza t’incite, ou pas, à chercher à créer une relation plus loin que l’amtié avec la personne ?

Non.

Question : Ca ne fait pas partie de tes conditions ?

Ca ne fait pas du tout partie de mes conditions et je pense que c’est parce que mes parents ne m’ont jamais dit ça. Par contre, j’ai des cousins qui pour eux c’était vraiment une obligation. Je connais quelqu’un qui lui il va se marier qu’avec une Ambohimalaza et en fait le jour où il a trouvé quelqu’un, et qu’il était vraiment heureux, c’était pas une Ambohimalaza et il y a eu plein de disputes avec les parents parce que les parents ont refusé cette fille et les parents ont proposé une autre fille qui était d’Ambohimalaza mais qu’il voyait que comme une amie. Du coup, moi j’ai pas envie de… Je l’ai vu en fait et moi je suis pas du tout comme ca. Ok tu es d’     Ambohimalaza mais ca… Par contre je suis très attirée par les malgaches.

Question : Qu’est ce qui différencie pour toi la communauté d’ Ambohimalaza et la communauté juste de Madagascar, ici en France ?

(elle hésite) Je pense que c’est la proximité parce qu’on dirait que ce sont des gens que tu connais depuis longtemps alors que c’est la première fois qu’on se voit. On se parle comme si c’était quelqu’un de la famille, et il y a ce côté aussi où on aime se réunir, c’est pas une obligation, on apprécie vraiment le moment d’être avec des gens comme nous.

Question : Ce n’est pas le cas de l’avis des malgaches ici ?

Non et je pense qu’il y a des malgaches qui préfèrent rester seuls, notamment… Apres je ne dis pas la plupart, mais il y en a qui préfèrent s’éloigner des autres malgaches, parce que soit les malgaches qui arrivent de Madagascar demandent trop de services en retour, et ils ne veulent pas avoir de problème, du coup ils évitent les malgaches, mais je pense que le Ambohimalaza ne sont pas comme ça, c’est la différence.

Question : Sur la communauté Facebook, ce sont tes parents qui t’ont demandé de t’abonner, mais est ce que les actualités de l’association apparaissent, tu les vois quand même ?

Non pas du tout, jamais et pourtant je suis abonnée depuis 2010, un truc comme ca, voir même avant que je sois en France. J’étais déjà abonnée je pense. Mais je sais quand quelqu’un de ma famille partage, par exemple l’évènement aujourd’hui, c’est mon papa qui a partagé et du coup ca m’a donnée envie de venir. Sinon, si ce n’est pas la famille, qui m’a dit, je n’aurais jamais vu les publications de ambohimalaza aty andafy, sauf si je vais sur la page.

Question : Quand tu vas sur la page justement qu’est-ce que tu trouves d’intéressant ? ou non ?

(Elle hésite) Ce dont je trouve intéressant, c’est d’être au courant de tout ce qu’il se passe sur Paris parce que je suis sur Paris et de pouvoir participer à des évènements. Ça c’est pour moi le plus intéressant, être au courant s’il y a une rencontre, s’il y a une participation à un évènement, je sais pas.
Après je n’y vais pas tous les jours (elle rigole). J’y vais presque jamais, sauf quand on en parle avec des gens de la famille et que, voila, c’est la que je vais sur la page pour savoir ce qu’il s’y passe, avoir des informations, l’adresse, l’horaire d’un certain évènement.

Question : Quelles seraient tes attentes par rapport à l’association Ambohimalaza aty andafy pour justement atteindre l’objectif de se réunir, toujours être entre Ambohimalaza ?

Essayer de faire plus de bouche à oreilles, je pense, de le dire à quelqu’un, qui va le dire à quelqu’un, qui va le dire à quelqu’un je pense parce que Facebook le problème c’est que c’est vite perdu, enfin de le mettre sur Facebook mais aussi plus de bouche à oreilles, d’SMS, d’appels avec les gens.


Ny Ando RANDRIANARISOA & Flore VANNIER

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