La médiation scientifique
Sociologie d’un métier ambigu.
par Rym BENELMOUFFOK
Introduction
La culture scientifique, technique et industrielle (CSTI) s’est positionnée en France comme un fait social depuis l’après-guerre. Les centres de science se sont multipliés et
ont progressivement atteint un public de plus en plus hétérogène. Des grands musées nationaux aux petites associations de quartier, les sciences se sont démocratisées et graduellement ouvertes à un public toujours plus large. En conséquence directe de ce phénomène, un nouveau corps de métier de passeurs de science est apparu sous une multitude d’intitulés : démonstrateur, guide-conférencier scientifique, animateur scientifique et médiateur scientifique, pour en citer quelques-uns.
La médiation scientifique représente un pont entre la communauté scientifique et le public, l’image du pont étant particulièrement importante puisque celui-ci peut être traversé dans les deux sens. Les notions de partage, d’échange et d’interaction sont au cœur de la médiation. Elle ne sert pas uniquement la science, mais également la société pour laquelle elle s’efforce de réduire les inégalités d’accès à la culture et l’éducation.
A la fois une forme de médiation culturelle, de communication et de recherche scientifique, la médiation scientifique est apparue dans un contexte particulier auquel ce mémoire de recherche accordera un certain temps. Il serait en effet difficile de comprendre l’état actuel de ce métier sans revenir sur son émergence.
Bien que peu de travaux existent sur le sujet pour le moment, quelques enquêtes quantitatives mettent à jour la situation des professionnels de la médiation scientifique, dont même l’intitulé de fonction est en constant débat. L’OCIM (Office de Coopération et d’Information Muséales) en partenariat avec Universcience a par exemple réalisé plusieurs enquêtes sur le statut, le profil et les activités des médiateurs scientifiques français. Le graphique suivant provient de leur enquête 2013-2014 à laquelle 634 médiateurs ont répondu. Les contrats CDD, vacataires et « autres » (exemple : service civique, stage) sont considérés comme étant des contrats précaires. Dans les « autres types d’organismes », on trouve notamment les associations de toutes tailles.
On observe une grande majorité de contrats précaires dans l’éducation populaire et les associations de partage de science. Dans les muséums – patrimoine naturel, un contrat sur deux est de type précaire. Pour les centres de science et les musées (CST ou non), on est à environ un contrat sur trois de type précaire. L’enquête de l’OCIM ainsi que celle du projet PILOTS révèlent les caractéristiques des professionnels de la médiation scientifique : un métier majoritairement féminin, universitaire (+50% des répondants ont minimum un Bac +5) et plutôt jeune. Il existerait un décalage entre le niveau de diplôme et la valorisation professionnelle.