LES MONDES NUMERIQUES

Blog des Masters en Sciences Sociales de l'Université Gustave Eiffel

La parole aux citoyens internautes ! La pétition en ligne comme outil pour les assos ?

Dossier de Jeanne Rouillard

Introduction :

La pétition est un écrit qui est signé et adressé aux pouvoirs publics, qui peut exprimer une opinion, une demande, une plainte, une protestation ou encore une requête collective signée, adressée à une autorité compétente. Apparues dans les années 2000, les pétitions en ligne utilisent dans leur cas le canal du web pour être signées.

Les pétitions en ligne sont souvent utilisées pour faire pression sur les décideurs politiques ou privés dans des domaines comme les droits de l’homme ou l’environnement. En France par exemple, depuis la loi constitutionnelle de 2008, le Conseil économique, social et environnemental peut être saisi par voie de pétition tant que celle-ci est écrite en français.
A une plus grande échelle territoriale, la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne adoptée en 2000 assure depuis le droit de pétition devant le Parlement européen (article 44 de la Charte, Droit de pétition).

Pour optimiser les chances, les pétitions en ligne sont parfois associées à d’autres méthodes de mobilisation de masse pour faire pression. Exemple des plus connus, les marches mondiales pour le climat initiées par Avaaz.org rassemblent à présent des centaines de milliers de personnes dans de nombreuses villes du monde entier chaque année.

Questionnements
Le sujet des pétitions en ligne a fait naître en moi de nombreuses interrogations. Pourquoi les pétitions sont-elles utilisées et sont-elles utiles ? Est-ce que l’arrivée des pétitions sur la toile a changé l’utilisation de cet outil ? Les associations ont-elles besoin de pétitions ?
L’idée de ce dossier est de comprendre à quoi servent ces pétitions pour les associations et quels sont les freins et les motivations à la signature d’une pétition pour les citoyens. A travers cette recherche, nous étudierons aussi, en parallèle, les impacts positifs et négatifs de l’utilisation du web pour faire signer des pétitions en ligne.

Méthode de recherche
J’ai choisi d’effectuer ma recherche en deux temps.
A travers un entretien avec Cécile Coudriou, présidente de l’association Amnesty international, nous allons étudier la stratégie choisie par l’association avec les pétitions en ligne. Ensuite nous intégrerons ses conclusions sur l’utilité et le succès des pétitions en ligne auprès de citoyens.
Une étude d’un échantillon de citoyens nous permettra aussi de déterminer les motivations et freins à la signature de pétitions en ligne. Que ce soit sur des questions d’information sur des associations et causes ou leurs comportements face à une pétition en ligne, cette étude pourra ajouter une perception sociale à notre analyse.

En croisant ces deux études complémentaires, nous tendrons à réaliser un constat sur les pétitions en ligne actuellement, des nouvelles opportunités sur le web aux perceptions des citoyens sur cet outil qui semble important pour les associations dans le cadre de la défense de certaines causes.

Annonce de plan de recherche
Nous allons d’abord étudier de façon générale la présence des assos sur le web pour comprendre la nécessité d’un tournant numérique pour celles-ci. Ensuite, nous étudierons les apports des pétitions en ligne pour les associations en matière d’information, de sensibilisation, de crédibilité ou encore de fidélisation. Pour finir, nous étudierons l’outil en étudiant les croyances des citoyens internautes par notre étude puis en se penchant sur l’impact des pétitions réel observé.

1.La présence des associations sur le web

Pour commencer, il semble opportun de revenir sur l’utilisation du web par les associations comme outil de communication et d’information à leur cible principale : les citoyens. Nous noterons que depuis la naissance du web, de nombreux acteurs économiques et sociaux ont fait le choix d’être présent sur le web. Opportunité de visibilité, internet et les nouveaux supports web comme les sites web et réseaux sociaux sont en effet une opportunité pour accéder aux français.
Les associations ont donc un intérêt certain à être présents sur la toile, et nous verrons ensuite la puissance de l’utilisation d’un tel outil pour celles-ci à travers l’étude de quelques chiffres clés.

a. Un tournant numérique nécessaire
Plusieurs raisons sont être avancées par les associations sur leur présence sur la toile.
En effet, le web semble permettre de toucher une cible inaccessible, de moderniser l’image de l’association et de créer un nouvel espace d’échange. Ce postulat est basé sur les différents échanges menés avec des associations et plus particulièrement avec l’entretien de Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty International France qui revient sur l’ancien retard “léger retard numérique” d’Amnesty.

Trois raisons principales peuvent être abordées sur le besoin pour une association d’être présente sur la toile. Il est important de montrer sa présence dans un environnement quotidien et sa modernité et enfin de favoriser l’interaction avec sa cible.

Avoir une présence dans l’environnement quotidien des cibles est primordial pour pouvoir les informer. D’après Cécile Coudriou, “Amnesty a choisi de développer sa présence sur le web” pour atteindre sa cible et plus particulièrement de choisir d’être présent dans l’environnement quotidien de ces personnes à informer. En effet, elle ajoute que “sa base militante est souvent jeune ou alors âgée et il devenait important de toucher les jeunes mais aussi une cible active de 30 à 50 ans”. Pour toucher ces citoyens, il a donc été décidé de se développer “sur le web, les réseaux sociaux et youtube” car ce sont les interfaces où l’association pourra être visible auprès de ces tranches d’âge. Le web permet de toucher des cibles inaccessibles initialement par l’association comme expliqué par Cécile Coudriou.

Autre raison annoncée pour cette présence les réseaux sociaux : la volonté de “moderniser l’image d’Amnesty pour assurer plus de résultats”. En effet, une image moderne est souhaitée par les associations car il faut qu’elles soient en capacité de se différencier de toutes les autres associations, en étant force d’innovation et de dynamisme. Etre présent sur le web est donc un moyen d’avoir une image plus moderne et jeune qui pourront engager plus efficacement les citoyens.

Bien entendu, Cécile Coudriou ajoute que “sur le long terme, le web va permettre d’interagir avec ces publics et peut être un jour de les faire rejoindre l’association”. En effet, le web est une opportunité d’accroissement de l’impact des actions d’Amnesty. Le web est donc une “caisse de résonance pour l’association”.

Une raison n’a pas été citée encore, la transparence ou confiance de la part des internautes. En effet, un certain nombre de citoyens sont méfiants des associations et le web peut devenir un levier d’action pour raffermir la confiance que les internautes porteront à une association. Par exemple, d’après le Baromètre Harris Interactive 2017 pour Communication Sans Frontières et Facebook « Les ONG, les réseaux sociaux et l’engagement citoyen en 2017 », 43 % des Français estiment que la présence d’une association sur les réseaux sociaux renforce leur confiance. Autre exemple de cette opportunité, les internautes interrogés pensent en majorité que les associations devraient utiliser les réseaux sociaux comme un vecteur de transparence sur leur fonctionnement. Etre garant de sa transparence et de son intégrité est donc certainement envisageable sur les réseaux sociaux par des publications, et le fait que les comptes puissent être visibles et commentables peut même accroître leur crédibilité.

D’après cette partie, nous pouvons observer qu’il est intéressant pour les associations d’être présent sur un canal accessible par de nombreuses cibles. Le web peut être peu coûteux pour l’association et s’avère donc un outil intéressant de visibilité, plus particulièrement en termes de proximité avec les publics sur les réseaux sociaux.

b. Les associations connues grâce aux réseaux sociaux
Les réseaux sociaux semblent être un formidable outil pour le milieu associatif. Il permet non seulement aux associations de se faire connaître et d’ailleurs le Baromètre montre l’importance des réseaux sociaux pour la visibilité et l’image des associations. Alors que 100 % des associations interrogées sont actives sur les réseaux sociaux, 47 % des socionautes relaient leurs publications à d’autres personnes, ce qui en fait une opportunité de visibilité.

D’après l’étude quantitative menée pour ce dossier, sur les 75 répondants, 82% suivent d’associations sur les réseaux sociaux. Plus précisément, ils suivent à l’unanimité des associations sur Facebook (61 répondants) suivi de twitter avec 29% et Linkedin à 20%.

Les associations les plus suivies par ces interrogés sont des associations humanitaires (Abbé Pierre, Emmaüs, Infos Migrants), des associations culturelles (the geek side) avec une priorité pour les associations environnementales avec LPO, Greenpeace, SPA, vegan impact, L214, WWF. Amnesty a quand à elle été citée 5 fois dans cette question.

Plus de 80% des interrogés ont d’ailleurs déjà découvert des associations par les réseaux sociaux contre 42% par une recherche sur navigateur ou par une publicité pour 20% d’entre eux. Seul 12% des interrogés n’ont jamais connu d’associations par le web.

D’après ces chiffres, nous observons donc bien que les associations ont un certain succès ou en tout une opportunité de visibilité sur les réseaux sociaux, de part la grande présence de citoyens sur ces réseaux et par la logique de partage.

2. Apports des pétitions en ligne pour les associations

D’après notre étude, 70 sur 75 répondants ont déjà signé une pétition dont 67% en ligne et sur papier et 27% seulement en ligne. Et il est important d’ajouter que tous les répondants ayant déjà signé une pétition l’ont donc fait au moins une fois en ligne.
D’après ce constat nous pouvons admettre que les pétitions en ligne sont devenues une pratique relativement courante sur le web. Par la suite, nous pouvons nous interroger sur l’intérêt pour les associations de créer des pétitions.
Nous allons donc voir en premier temps l’apport des pétitions en ligne dans le cadre du combat pour une cause puis nous verrons quels sont les intérêts de telles pétitions à long terme pour l’associations. En troisième temps, nous nous allons questionner la considération des plateformes existantes en ligne qui rassemblent diverses pétitions.

a. Pour la cause
Plusieurs impacts des pétitions en ligne peuvent être identifiés comme positifs pour les causes défendues par les associations. Les pétitions peuvent agrandir l’impact d’une lutte et la crédibilise par la voix citoyenne. La pétition est un moyen d’ajouter un poids à une lutte en rejoignant de multiples actions de recherche et réaliser des pétitions en ligne garantit aussi une certaine sécurité de la crédibilité des signatures récoltées.

Pour commencer, Cécile Coudriou explique que “les finalités d’une pétition sont de mobiliser et sensibiliser les citoyens ainsi que d’interpeller les autorités et entreprises lors d’une remise de pétition”. De par ce constat, nous pouvons ajouter en effet que la pétition permet d’agir dans un écosystème de lutte en ajoutant une voix citoyenne qui permet d’élargir l’impact d’une cause sur la société et les décisionnaires. De plus, “la pétition fait partie d’un écosystème de sensibilisation du grand public”. Pour ajouter en impact d’information sur les causes, les pétitions sont accompagnées de vidéos qui sont réalisées sur les thématiques et deviennent des contenus viraux sur les réseaux sociaux avec les pétitions. “Après avoir réalisé un rapport auprès des autorités et entreprises concernés par le thème”, Amnesty s’adresse donc aux médias pour rendre visible les problématiques étudiées et les demandes associées. La pétition en ligne est donc un moyen de crédibiliser et de donner du poids à une cause mais aussi d’informer le grand public sur la cause tout en accroissant ses chances de récolter des signatures sur la pétition.

Deuxième point important, la pétition rend le combat crédible en s’ajoutant à des actions de recherche. Du côté d’Amnesty par exemple, nous avons vu que “la pétition est un élément de leurs actions, qui devient l’aboutissement d’une recherche poussée”. En effet, “en amont, une recherche est faite de manière approfondie sur la problématique choisie et en aval, un plaidoyer est présenté et une soumission de pétition est faite”. Cécile Coudriou nous explique que “le poids d’une action d’Amnesty est garanti par une réelle recherche, un travail d’experts et une mobilisation citoyenne”. Ainsi, nous pouvons identifier que mettre en place une pétition ne perd pas en crédibilité car cela fait parti d’une action élargie. De cette façon, la pétition fait parti d’une écosystème de lutte qui a besoin de cette voix citoyenne mais ne base pas seulement sur elle. Multiplier les actions, qu’elles soient citoyennes ou de recherche spécialisée, semble être le meilleur moyen d’optimiser les chances de prise de décision de la part des autorités.
De la part des citoyens interrogés, l’affirmation qu’avec “d’autres actions de lutte associées, les pétitions peuvent faire la différence” a eu un certain résultat engageant lors de l’étude menée. Perçu de façon plutôt positive, 40% des interrogés étaient donc plutôt d’accord sur le fait qu’une pétition peut faire la différence avec d’autres actions associées et 24% sont par ailleurs totalement d’accord avec cette information.

Par ailleurs, il est intéressant d’ajouter que les pétitions qui sont en ligne gagnent en crédibilité car il devient possible de techniquement vérifié la fiabilité des signatures récoltées. Par exemple, le web garantit aussi, pour Cécile Coudriou, “grâce à la récupération d’adresses IP, qu’une personne ne puisse pas signer plusieurs fois et biaiser le dossier de pétitions”.

Lorsqu’on demande sur une pétition papier de donner un mail, on observe une certaine réticence voire méfiance des signataires.
Conclu

b. Pour l’asso à long terme
A long terme, les pétitions peuvent être utiles pour l’association sur différents plans, en termes d’information et sensibilisation puis de fidélisation des internautes.

En premier temps, la pétition va permettre d’informer et sensibiliser les publics qui verront cette pétition sur des thématiques peut être nouvelles pour eux ou même découvriront des associations. D’après notre étude, seulement 24% des interrogés n’ont pas découvert de sujets ou d’associations par des pétitions. En effet, 55% des interrogés ont découvert au moins une association et un sujet par une pétition en ligne quand 3% ont découvert une association seulement et 17% un ou des sujets. Il est donc clair d’après ces chiffres que les associations peuvent informer et se faire connaître grâce à leur pétition et à terme elles peuvent aussi sensibiliser sur des thématiques et sujets dont elles parlent dans leurs pétitions. Nous voyions donc que les pétitions en ligne ont permis à des internautes de découvrir des causes ou des associations en plus de leur rôle final politique de lutte.

D’autre part, une fidélisation potentielle est observable par la diffusion de pétitions en ligne auprès des citoyens. En effet, lorsque l’on réalise une pétition en ligne, “il devient possible de suivre le signataire et de lui proposer ensuite des pétitions dans le même thème ou même à terme de lui proposer de s’investir dans l’association”. Il est possible de réaliser des actions subsidiaires à la suite de la signature d’une pétition en ligne pour permettre au citoyen de s’engager plus ou de s’informer. Par exemple avec un mail, il devient possible réaliser donc le “parcours de sympathisants” pour proposer de nombreux types d’implication à l’internaute. Dans le cas d’Amnesty par exemple, un projet occasionnel permet par exemple de réunir un vrai recueil de signatures grâce aux mails, le mouvement “10 jours pour signer”. Cela consiste en une mobilisation ponctuelle de la société civile sur certains thèmes qui réunit entre 1 et 3 millions de signatures.
D’après notre étude, suite à ces découvertes, 75% des interrogés se sont renseigné davantage sur le sujet ou l’association découverte par une pétition et 42% se sont abonnés à une page de réseaux sociaux, 26% à une newsletter et 14% sont même devenus adhérent à une association par la suite.
Attention tout de même car la méthode d’envoi de mail peut paraitre négative pour certains internautes qui se sentent importunités. En effet, Cécile Coudriou explique que “Lorsqu’on demande sur une pétition papier de donner un mail, on observe une certaine réticence voire méfiance de certains signataires”. Cette méthode de suivi est donc prometteuse mais il faut veiller à ne pas surcharger le signataire en informations et mails car il pourrait se sentir agressé et au contraire fuir tout investissement.

Platform or not platform ?
Il existe de nombreuses organisations qui sont spécialisées dans les pétitions en ligne, comme Avaaz.org, SumOfUs, Change.org, etc… La question est de savoir pourquoi les associations décident ou non de présenter leurs pétitions sur ces interfaces. Le cas d’Amnesty international nous permet par exemple de comprendre le choix d’une association de ne pas être représentée sur ce type de plateforme. Cécile Coudriou explique qu’Amnesty “garde ses pétitions seulement sur son site d’abord dans un objectif de crédibilité car l’environnement des pétitions est concurrentiel et souvent saturé”. En effet, le postulat est de vouloir se démarquer plutôt que d’être inclu dans une liste de pétitions longue de 46 pages web. Elle ajoute d’ailleurs, que de ce point de vue il faut être prudent car “les sites de pétitions en ligne peuvent, en présentant beaucoup de pétitions, décrédibiliser l’arme qu’est la pétition”. Bien qu’ayant pour certaines campagnes utilisé des plateformes de pétitions, la plateforme Change.org a par exemple “une résonance certaine” qui peut être très utile “mais donne à la pétition un risque de noyade”. C’est donc le choix de crédibilité qu’a fait l’association quant à l’usage de pétition pour ne pas être mélangée à des pétitions potentiellement moins sérieuses qui pourraient déteindre sur sa crédibilité.
Cependant le questionnement demeure pour les associations qui n’ont pas la chance de visibilité qu’a Amnesty international et ces plateformes peuvent sans doute être des outils intéressants pour les associations et causes qui n’ont pas la même reconnaissance.

3. Evaluation de l’outil

a. Croyances des citoyens internautes
Les internautes ont une perception des pétitions en ligne qui méritait d’être étudiée. D’après l’étude de 75 citoyens français, nous allons donc voir ce que les répondants considèrent en termes d’apport personnel des pétitions, puis sur leur pouvoir d’efficacité et pour finir nous étudierons les différents freins possibles des internautes face aux pétitions en ligne. L‘objectif de cette étude est de déterminer le degré de reconnaissance des interrogés à des déclarations proposées.

Commençons par ce que les citoyens interrogés ont considéré que cela apporte personnellement de signer une pétition en ligne.
A l’affirmation “les pétitions sont importantes pour que les citoyens s’expriment”, 44% des interrogés sont plutôt d’accord et 36% des internautes sont même totalement d’accord. Ces chiffres montrent donc que les répondants trouvent important de donner une occasion de montrer une voix citoyenne par le biais de pétitions.
Cependant, fait intéressant, les répondants semblent un peu moins d’accord avec le fait que “les pétitions sont importantes pour que les citoyens soient entendus”. Nuance légère mais importante, 46% des répondants sont plutôt d’accord et 21% sont totalement d’accord de cette importance d’être entendu. Il est donc intéressant de noter que les interrogés considèrent plus qu’il est important de pouvoir s’exprimer mais qu’elles sont moins importantes pour eux pour être entendu. Peut être que ces répondants marquent la nuance car ils ne considèrent pas qu’il est possible réellement d’être entendu par le biais de pétition. Cette nuance invite donc à de nombreuses questions car les pétitions sont considérées comme importante pour s’exprimer mais moins pour être entendu, alors pourquoi les internautes y voient quand même un grand intérêt d’expression ?
En tout cas, une majorité des répondants se sentent bien d’avoir l’occasion de signer une pétition. En effet, avec l’affirmation “Je me sens bien de signer une pétition et d’aider à mon échelle”, 30% des interrogés sont totalement d’accord et 28% sont totalement d’accord.
A contrario en cumulé, seulement 21% des interrogés ne sont pas du tout ou plutôt pas d’accord avec le fait qu’ils se sentent bien de signer une pétition. La signature d’une pétition est donc en majorité perçue comme une bonne sensation pour les interrogés ce qui permet de déterminer que les citoyens seraient plutôt satisfaits de signer une pétition. Sur 75 répondants, 88% souhaiteraient signer une pétition si la thématique leur importe.
Pour les non-intéressés par la signature de pétitions, les raisons de cette non-signature sont qu’ils ne voient pas l’intérêt d’une pétition, qu’ils ne souhaitent pas donner leurs données personnelles ou encore qu’ils considèrent qu’il y a trop de pétitions donc ils sont lassés.

Petit point sur la croyance de l’impact des pétitions. Par l’affirmation “Je ne crois pas à l’impact d’une pétition”, nous pouvons observer que 36% sont totalement ou plutôt d’accord que la pétition n’a pas en soit d’impact alors que 35% ne sont plutôt ou pas du tout d’accord avec ce non-impact. Egalité presque exacte des postulat avec une personne d’écart, cette question d’impact montre bien la dualité des avis sur l’efficacité des pétitions. Pourtant, il est important d’ajouter que par la suite, 63% des interrogés considèrent qu’avec d’autres actions associées, les pétitions peuvent faire la différence. Il est donc possible que sorti d’un cadre d’actions, la pétition n’est pas toujours considérée comme efficace mais qu’avec un écosystème d’actions de lutte, ce doute sur l’impact des pétitions s’efface peu à peu.

Passons ensuite aux éléments qui pourraient provoquer des méfiances quand à la signature de pétitions en ligne. Trafic de signature, envoi de données dans un objectif commercial, effet publicitaire, tous ces retours montre que certains répondants ont une méfiance des pétitions vis à vis de la sécurité et de l’intégrité de ces campagnes de signatures. Les freins sont souvent le risque que ses données soient utilisées ou vendues et que les méthodes commerciales suivront et pervertissent le système initial des pétitions.

D’abord sur la question de pétition en ligne ou sur papier, seulement 2 personnes interrogées sont totalement d’accord avec le fait que “Signer une pétition sur papier est moins risqué qu’en ligne” et 5 sont plutôt d’accord sur 75 personnes. Record de neutralité, 30 personnes n’ont pas d’avis sur la question et par ailleurs 33% des interrogés ne sont pas d’accord que les pétitions papier sont moins risqués et 17% ne sont même pas du tout d’accord avec cette déclaration. Nous pouvons déterminer par cette étude que les pétitions en ligne ne sont en majorité pas considéré comme plus risquées que celles sur papier si on ne prend pas en compte la majorité qui n’a pas de position sur la question.

D’après l’affirmation “J’ai peur d’être associé à la pétition par la suite”, seulement 2 personnes interrogées sont totalement d’accord mais 16 personnes sont plutôt d’accord qu’ils ont peur d’être associé à une pétition. Méfiance d’image publique politisée ou volonté de discrétion sur ses positions intellectuelles, certains sont donc méfiant d’être associés publiquement à une pétition. Cependant 19 personnes ne sont plutôt pas d’accord avec cette méfiance et 14 ne se sentent d’ailleurs totalement pas en accord avec cette peur d’association à une cause. Il est donc possible d’estimer que les interrogés sont en général moins réticent ou empli de peur d’avoir leur signature visible par la suite.

D’après l’affirmation “Les pétitions en ligne sont dangereuses pour mes données” dans l’étude menée, une majorité n’est plutôt pas d’accord sur ce danger et 5 personnes sont même pas du tout d’accord sur ce postulat de danger pour ses données. Toutefois, il faut tempérer avec le fait que 16% se sentent tout de même plutôt d’accord sur le fait que le pétitions peuvent être dangereuses pour ses données et 6% sont tout à fait d’accord.

b. Évaluation du succès de l’outil
Bien difficile d’évaluer l’impact exact d’une pétition quand d’autres actions sont mises en place. C’est donc avec le cas d’Amnesty que nous allons questionner le succès de cet outil citoyen et la différence de succès auprès des citoyens suivant la thématique abordée.

Nous nous interrogeons d’abord à quoi est dû le succès de certaines pétitions. Cécile Coudriou indique donc que pour Amnesty international, “certains thèmes ont souvent plus de signatures de pétitions et de viralité sur les réseaux sociaux”. Premiers succès auprès des publics, “les sujets qui ont un visage, qui parlent d’une personne sont par exemple souvent fortement relayés car une identification est possible” avec la victime. Parfois irrégulier, les résultats peuvent varier comme les sujets sur les Roms ou les migrants qui “n’ont pas toujours le même succès en termes d’implication du grand public”. D’autre part, “certaines thématiques n’ont que peu de participation” mais c’est surtout quand elles sont peu connues par le grand public.

A terme, quel est l’impact de ces pétitions ?
Les pétitions donnent du poids à une action d’après Cécile Coudriou, “même si celui-ci n’est pas quantifiable précisément puisque la pétition fait partie d’un tout” dans le cas d’amnesty international. D’ailleurs, les pétitions en ligne jouent dans un écosystème d’actions et “l’important est d’en valoriser les résultats grâce aux nombreux facteurs comme les pétitions et les plaidoyers”. Pour les signataires et le grand public, il est ensuite important de continuer à les toucher. Par exemple, il semble important à Cécile Coudriou “de montrer aux signataires les succès de l’association comme des libérations de prisonniers par exemple”.

En conclusion, les outils comme la pétition en ligne sont devenus des outils puissants avec un grand potentiel de sensibilisation et de lutte politique. Cependant il ne faut pas enlever de la balance le fait que l’exécutif doit leur donner aussi une reconnaissance. Bien qu’encore décrié, l’existence d’un impact des pétitions dans le paysage politique sera peut être plus présente dans le futur.
En tout cas, notre analyse nous permet de définir que la pétition est une pratique devenue plutôt commune par le web et, même si elle est parfois empreinte de méfiance, la participation citoyenne semble être satisfaisante. Outil de sensibilisation et d’information, la pétition semble donc avoir de nombreuses répercussions pour les associations autres que l’impact sur les décisions politiques. Des questions subsistent sur le moyen de calculer cet impact sur la vie politique en termes de décisions publiques, mais les associations utilisent toujours cet ancien outil qui pourrait avoir plus d’impact social sur les citoyens qu’il n’en a l’air.

Sources bibliographiques et recherches

Civic Tech : les innovations démocratiques en questions
http://www.internetactu.net/2016/06/24/les-innovations-democratiques-en-questions/
Boure, Robert, et Franck Bousquet, Enjeux, jeux et usages d’une pétition politique en ligne
https://www.cairn.info/revue-reseaux-2010-6-page-127.html
Robert Boure et Franck Bousquet, « La construction polyphonique des pétitions en ligne. Le cas des appels contre le débat sur l’identité nationale », Questions de communication, 2011
URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/2120

Annexe :

Entretien avec Cécile Coudriou, présidente de l’association Amnesty international, 2018
https://docs.google.com/document/d/1AWifyOkUjJ2M8TMTa2wZgFn-WH2eFRLwwEQbwHRjabA/edit?usp=sharing

Etude de Jeanne Rouillard, 2018, les pétitions en ligne : résultats sur 75 répondants.
https://docs.google.com/spreadsheets/d/1bSwLH7u2lCerFaQP1uFgMDvP-UWAp0W9tzHSGrgtI2s/edit?usp=sharing

Questionnaire soumis en ligne pour cette étude
– Suivez-vous des assos sur les RS ? oui, non, lesquelles
– Avez-vous découvert des assos par le web ? (RS, recherche, publicité, aucunes)
– Avez-vous découvert des assos ou thèmes par une une pétition ? oui, lesquelles ?
– Vous êtes vous renseigné en plus sur le sujet ou l’asso découverte ?
– Vous êtes vous abonné : à une newsletter, devenus adhérent d’asso, à une page de RS ?
– Avez-vous déjà signé une pétition ?
– Auriez-vous envie de signer une pétition pour une thématique qui vous importe ?
– non, pourquoi ?
Impact des pétitions : tempérer les déclarations suivantes
– “Les pétitions sont importantes pour que les citoyens s’expriment
– “Les pétitions sont importantes pour que les citoyens soient entendus
– “Je ne crois pas à l’impact d’une pétition
– “Avec d’autres actions de lutte associées, les pétitions peuvent faire la différence
Du côté du signataire : tempérer les déclarations suivantes
– “Je me sens bien de signer une pétition et d’aider à mon échelle”
– “Signer une pétition sur papier est moins risqué qu’en ligne”
– “J’ai peur d’être associé à la pétition par la suite”
– “Les pétitions en ligne sont dangereuses pour mes données”
Auriez-vous d’autres freins à signer une pétition sur le web ?

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