LES MONDES NUMERIQUES

Blog des Masters en Sciences Sociales de l'Université Gustave Eiffel

Facebook et les artistes

Maora Proust
Cultures et Métiers du Web

INTRODUCTION

Les années 2000, depuis l’avènement de MySpace, ont vu apparaitre des réseaux sociaux mettant en avant les artistes et leur contenu. Musique (MySpace, puis SoundCloud, entre autres), photographie (Flickr, deviantArt), vidéos (YouTube, Vine), textes (Tumblr), ou encore illustration et BD (Tumblr, deviantArt…) sont les grandes pratiques qui font connaître leurs auteurs. Mais certains réseaux sociaux, prévus à la base pour créer du lien social seulement, on vu leur système détourné pour se retouver au service des artistes. On pensera notamment à MySpace, devenue plateforme de mise en avant de chanteurs et musiciens, mais aussi, dans une mesure moins éclatante, à Facebook. En effet, la plateforme sociale, grâce à son système de « Page », permet de partager son travail, sa passion, avec des personnes autres que ses « amis ».

Plus qu’être une vitrine de l’artiste, les réseaux sociaux sont un lieu de partage et de communication. Mais ces caractéristiques se retrouvent-elles dans le cas des Pages d’artistes ? Les réseaux sociaux aident-ils vraiment à se faire connaître ? Les artistes nouent-ils de vrais liens avec les personnes qui suivent leur travail ?

Dans cet article, je me suis concentrée sur le réseau social Facebook. C’est le deuxième site web le plus visité au monde après Google selon Alexa1. Il comptait en septembre 2015 1,01 milliard d’utilisateurs actifs quotidiens, ce qui fait un public très large pour les artistes promouvant leurs travaux sur cette plateforme.

J’ai pu discuter avec quelques créatrices qui utilisent la plateforme avec assiduité, certaines avec une très grosse communauté et d’autres moins.J’ai proposé un questionnaire de onze questions à quatre dessinatrices, qu’elles ont rempli et m’ont renvoyé. La première, AD_e, est suivie par 3 388 personnes. Elle est Belge et a sorti deux petites BD ces dernières années. J’ai également demandé leurs opinions à Cass’Drawing, illustratrice belge suivie par 1 439 personnes, BlackBlink, illustratrice française suivie par 541 personnes et enfin Pineapple, illustratrice française également, suivie par 231 personnes.
Grâce à leurs réponses et à une étude des habitudes des Pages et des Fans, on peut voir qu’il y a en effet de la création de liens : commentaires, « J’aime », qui viennent saluer le travail de l’artiste, mais aussi rencontres physiques et crowdfunding : certains artistes parviennent même à vivre grâce à la communauté qu’ils ont formé sur Facebook.

L’appartenance à une communauté, ou l’appel communautaire

Le premier clic

« L’Homme est un animal politique », disait Aristote, dans La Politique (I, 2). On vit en communauté, par nature : les êtres humains se regroupent entre eux, par affinité, religion, ethnie, culture… Bourdieu parlera des capitaux économique, culturel, social et symbolique2 pour expliquer les groupes de différenciation qui se forment dans la société, groupes que l’ont retrouve sur l’Internet comme dans la vie de tous les jours. Le système de Pages de Facebook repose sur ce fait : les personnes qui suivent une Page ont au moins un point en commun, qui sont l’intérêt pour ce type de contenu ou ce type de sujet.

Les propositions de Pages se basent sur l’analyse croisées des « J’aime » précédents puis des Pages que suivent les « Amis » de la personne, liens forts et liens faibles confondus. Ainsi, on arrive à un catalogue de Pages qui correspondent à nos idées et à nos goûts. Dans ces propositions de Pages, on trouve de tout : des Pages « Fans » de séries, de personnages ou de personnes célèbres ; des Pages officielles d’entreprises, de collectifs ou de personnalités ; mais également énormément de Pages d’auteurs, illustrateurs, photographes, amateurs ou professionnels.

La frontière entre amateurs et professionnels devenant de plus en plus floue sur Internet, on décidera dans cet article de considérer que les professionnels sont les artistes bénéficiant d’un statut administratif en lien avec leur art ( exemple : illustratrice freelance, autoentrepreneur, photographe professionnel… ) et les amateurs les artistes qui font ça « en-dehors de leur travail principal » ( exemple : les étudiants non autoentrepreneurs ). Les amateurs peuvent vendre des créations au même titre que les professionnels, avec le même degré de technicité : c’est leur statut administratif qui fera la différence.

En cliquant sur « J’aime la Page », on entre dans une communauté, comme le dit Justine Herbert3 : « des liens plus profonds se créent « … » entre les internautes fidèles, unis autour d’une cause commune, bien que disséminés de par le monde, qui conjuguent le Net au pluriel. En formant de véritables communautés virtuelles. Le réseau est devenu leur réseau, matière à une véritable trame sociale. » Dès les années 1980, Michel Maffesoli4 évoquait le processus d’identification à un groupe, un sentiment. Une mode qui se retrouve fortement sur les réseaux sociaux, dans une « néo-tribalité » qui vient du croisement entre les fondements éthiques d’Internet (partage, égalité entre les utilisateurs) et les capitaux de Bourdieu.

La communauté, le partage, sont des raisons qui reviennent lorsqu’on demande aux artistes les raisons qui les ont poussé à se lancer dans une Page Facebook :

  • Pour partager mes travaux et ma progression avec le plus grand nombre, c’est rapidement devenu une source de motivation. (BlackBlink)

  • Voir des artistes partager leur passion comme ça m’a donné envie, je voulais partager mon univers, ma passion, rencontrer des gens, avoir des avis pour pouvoir progresser, et plein d’autres trucs… gagner confiance en moi aussi je pense. Je suis très timide et j’ai beaucoup de mal à m’affirmer, avec cette page je voulais vraiment paf sortir de ma coquille. Prendre des risques… (Pineapple)

  • L’idée ne vient pas de moi, mais de ma copine. Je suivais déjà pas mal d’autres pages de dessin sur Facebook et elle m’a dit “Pourquoi ne fais-tu pas ta propre page?“. Elle a dû insister car je n’avais pas vraiment envie. Au fond, je n’avais rien à perdre et je me suis dit que c’était l’occasion d’avoir l’avis d’autres personnes que ma famille, des conseils pour m’améliorer, etc. (Cass’Drawing)

  • A la base, j’avais un blog BD. Et quelques autres blogueurs que je suivais étaient sur Facebook. On peut donc dire que j’ai suivi le mouvement. (AD_e)

Un langage commun

« L’individu a, dans toute situation, besoin de repères, de codes communs, de règles implicites ou explicites, qui créent du lien social. C’est pour cela que chaque groupe invente de nouveaux rites, fêtes ou un langage commun de ralliement. » explique Justine Herbert en se basant sur les travaux des rites en entreprise de Jean-Pierre Jardel5 en 2000, qui peuvent se rapporter facilement aux rites présents sur l’Internet. Ainsi, les artistes sur Facebook ne dérogent pas à la règle : leurs communauté est « baptisée », suit certains codes. Par exemple, AD_e appelle ses Fans « les gras », Pineapple « les ananas », Lil’art « les Kikilos », BlackBlink « les bambous ». Certaines de ses appellations ont une explication logique (pineapple est la traduction d’ananas en anglais), d’autres sont le reflet des habitudes de langage courant des artistes, d’autres enfin ont été inventés précisément pour la communauté. Un langage se crée également, amenant une complicité certaine entre l’image que l’artiste veut donner et sa communauté : lorsque Gribouillonne poste un statut de ce genre :

Statut du 24 Octobre 2015 de la Page « Gribouillonne »

Les Fans de sa Page lui répondent dans le même genre de langage, même si ce n’est ni la façon de parler de base de l’artiste ni celle des commentateurs.

La complicité est là : à l’aide de codes communs, l’artiste et les Fans forment une communauté. Mais est-ce que ces communautés ont une vraie profondeur ? Les artistes et les Fans partagent-ils plus de choses que simplement des publications sur Facebook ? Sachant que les trois quarts ou plus de la communauté est constituée de personnes inconnues de l’artiste, y a t-il une création de lien faible ? La réponse peut être nuancée, mais en général les Fans des Pages deviennent pour les artistes des liens faibles, qu’ils peuvent contacter si besoin. Ils les considèrent surtout comme faisant partie de leur sphère quotidienne au bout de quelques temps.

  • J’ai fait la connaissance de quelques uns [des fans] avec les années, je ne les connais pas personnellement mais je suis toujours contente de voir qu’ils me suivent et me supportent encore. Nous nous échangeons des conseils et des travaux quelques fois. (BlackBlink)

  • Je suis devenue très proche d’autres personnes qui dessinaient et avaient des Pages, et je suis heureuse de voir qu’il y a des petits habitués qui sont à depuis un moment et qui me soutiennent, ça fait vraiment plaisir et chaud au cœur ! (Pineapple)

  • Ma page m’a permis de sociabiliser davantage avec certains [fans] mais je ne dirais pas au point de devenir des amis, plutôt des connaissances moins éloignées. Il y en a que je connaissais déjà mais sans plus, nous avons fait plus ample connaissance et de là je les ai ajouté sur ma page personnelle. Oui, il y a des fans dont le prénom m’est familier car ils sont fidèles. (Cass’Drawing)

  • …j’ai de bonnes relations avec des gens que j’ai connu via ma page. On est amis sur Facebook, je connais plein de choses sur leur vie et eux sur la mienne. Il y en a certains avec qui j’échange juste des commentaires et d’autres que j’ai rencontré en vrai. (AD_e)

Les artistes en arrivent donc à parfois demander des services aux personnes qui sont sur leur Page, allant du coup de pouce sur une question technique… à des propositions de travail.

Publication du 15 août 2015 de la Page Lysun

Une communauté soudée contre l’adversité

Ce que peut apporter une communauté web à un artiste, notamment sur Facebook, c’est le soutien. Comme on l’a vu précédemment, la communauté peut aider dans les recherches d’un travail, d’un collaborateur, ou autre… Mais elle peut aussi aider sur des problèmes moins « terre-à-terre ».

Le plus gros problème des artistes sur l’Internet est la reprise et le plagiat de leurs oeuvres. C’est ainsi que certains artistes utilisent leur communauté pour faire valoir leurs droits, parfois de manière assez violente, lorsqu’ils sont plagiés (avalanche de commentaires négatifs sur le post de la « Page adverse », par exemple).

On peut prendre l’exemple de Nowaki, en 2013, qui avait mené un combat acharné pour que sa création soit reconnue. Au final, l’autre Page avait effacé le lien incriminé à force de recevoir des commentaires négatifs.

Publication du 17 mai 2013 de Nowaki sur Facebook

Nowaki n’est pas la seule artiste à appeler à l’aide sa communauté lors de vols et/ou de plagiat. La pratique étant courante sur l’Internet, AD_e a par exemple eu à le faire également : « On m’a déjà volé du contenu, j’ai alors partagé le post qui avait volé mon dessin et j’ai demandé aux gens d’aller mettre un commentaire indiquant que ce dessin était de moi. Les gens se sont pas mal manifestés et ça a fonctionné. « 

Le but de la plupart des artistes n’est pas d’être violent avec les autres Pages, mais seulement de faire valoir le fait qu’ils sont les créateurs de ce qui est réutilisé. C’est la communauté qui, en prenant le problème à bras-le-corps, peut parfois devenir virulente. Car ce qui touche l’artiste touche ses Fans : la proximité et l’intimité qui se forme entre les deux parties amène à l’empathie, et même parfois à l’identification des Fans.

Dans un contexte moins négatif, les communautés peuvent également être des cibles pour faire la publicité d’autres Pages et créer un réseau plus large. Dans un contexte de partage et d’échange, il n’est pas rare que les Pages fasse l’éloge (« partage ») d’un autre artiste, dans le but de le faire découvrir par sa propre communauté.

Partage de la Page Bleuts par Pineapple

Ainsi, lorsque l’on demande à Pineapple si elle a déjà fait appel à ses Fans, elle répond « J’ai déjà fait appel à eux pour aimer des pages d’amis ou de personnes que j’admirais et que je voulais aider « . La communauté sert ici de terreau d’où sortir des nœuds qui feront se rencontrer les deux communautés, celle de la Page de base et celle de la Page partagée. Les artistes fusionnent ainsi une partie de leur communauté, qui se retrouve dans deux groupes avec certaines tendances communes : des liens se forment, et un réseau s’établit, plus ou moins conséquent. Ainsi, lorsqu’on aime la Page de Maryne. , on est pratiquement « obligés » d’aimer également les Pages de tout son réseau de liens forts: TaTaOlivia, Tom, Fùlix, Les Dessins de Fa … Parce que la première en parle très souvent, partage leurs dessins (où elle fait parfois une apparition) et incite sa communauté à découvrir leur travail. Les Fan Arts sont aussi un moyen d’amener la communauté à découvrir d’autres Pages, en mettant en avant le fait d’être un groupe, un réseau, un petit village.

Partage du FanArt de Rin Ka’ par Les dessins de Fa, ou la mise en dessin de leur réseau de liens plus ou moins forts.

… mais une communauté qui peut également blesser.

« Un jour, une jeune fille m’a demandé de la dessiner gratuitement. Et ce genre de demande m’arrivait pratiquement tous les jours. Des « tu me fais un dessin en échange de pub » ? Ou des « tu dessines bien, tu peux me dessiner gratuitement ? ». Malheureusement pour elle, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ce jour là et j’ai publié un statut en demandant que l’on arrête de me faire ces demandes, que je ne dessinais pas pour des prunes, que ce n’était pas parce que mon style était simple et que j’étais gentille que je pouvais dessiner tout le monde gratuitement. Le dessin ça prend du temps et du matériel. Suite à ce statut, plusieurs personnes ont donné leurs avis différents du mien, certains en ayant des propos impolis envers moi. Et je dois dire que cette fois là, ça m’a mis un coup au moral. Je n’ai pas dessiné pendant quelques temps et je n’osais plus donner mon opinion. « , nous raconte AD_e. Il est vrai que parfois, les attentes de la communauté est forte par rapport aux artistes ; et parfois les utilisateurs de Facebook oublient qu’ils parlent à une vraie personne derrière un vrai écran, avec une vie et des sentiments. Mais ces incidents sont minoritaires : sur les quatre dessinatrices interrogées, AD_e est la seule à avoir eu ce type de problèmes, qui semblent arriver avec le nombre de « J’aime ». S’ils ne sapent pas totalement la confiance, ils sont cependant très durs à digérer, et il faut parfois du temps pour oser à nouveau partager comme auparavant, comme l’auteure de BD nous le dit.

Des liens qui transcendent les écrans

La communauté, support financier

Le soutien de la communauté pour les artistes n’est pas seulement psychologique. Il peut également être financier. Il y a certains artistes, comme Cass’Drawing, qui ne prévoient pas de gagner de l’argent avec leurs créations au départ mais qui sont sollicités par la communauté : « …ce n’est pas moi qui ai fait appel à eux. C’était plutôt l’inverse. Certains sont venu me demander de dessiner le portrait de leur animaux moyennant payement. J’ai donc accepté. » D’autres ne savent pas encore s’ils vont se lancer dans l’aventure et permettre aux Fans de leur passer des commandes, comme Pineapple.

Et puis il y a les artistes qui ont un besoin d’argent à un moment de leur vie et qui s’appuient sur leur communauté pour réaliser un projet, qu’il soit artistique ou pas. On parle ici de projet de financement via des services que rendent les artistes. Comme AD_e, qui, lorsqu’on lui demande si elle a jamais fait appel à ses Fans pour régler un problème, répond : »Haha, oui. J’en rigole parce que j’ai vécu ça pendant 1 an et demi. J’avais besoin d’un implant dentaire qui coûte vraiment cher pour la petite étudiante que je suis. J’ai donc lancé des commandes de dessins, j’ai réalisé et sorti ma propre BD pour m’aider à financer l’opération. Et ça a fonctionné ! Les gens m’ont soutenue à 200%. J’ai été étonnée de leur solidarité et leur envie de m’aider à obtenir cette dent. Une grande entraide a eu lieu, pour mon plus grand plaisir. « 

Miia, illustratrice freelance, n’aurait pas pu se lancer professionnellement sans le secours de sa communauté ; ou du moins, cela aurait été beaucoup plus long. Grâce à Facebook et aux partages de son travail, elle a rapidement pu avoir des commandes diverses qui lui permettent à présent de vivre de sa passion.

Le crowdfunding

Le crowdfunding, ou financement participatif, repose également sur la communauté que l’artiste a su créer. Le succès retentissant de la campagne de financement de Laurel6, pour sa BD de 250 pages « Comme Convenu », qui raconte les déboires d’un couple avec enfant se lançant dans une start-up de Jeux Vidéos en Californie, prouve que la communauté peut permettre à un artiste de réaliser ses projets ( et de vivre ), sans avoir à passer par le circuit « officiel » que sont les maisons d’édition et les agents. Laurel, qui a su fidéliser sa communauté autour de sa bande-dessinée en ligne, a collecté 271 093 € sur un objectif de 9 476 € pour pouvoir publier sa bande-dessinée en version papier. Elle a donc récolté suffisamment pour avoir un salaire fixe satisfaisant pendant au moins un an, le temps de préparer le deuxième tome de « Comme Convenu » ! Bien sûr, à sa communauté sur Facebook s’est ajoutée la communauté de son blog, mais ces deux communautés se recoupent.

Illustration de Laurel pour remercier tous les participants à son crowdfunding

Les rencontres IRL

La communauté et le réseau ne restent pas forcément virtuels. Même si beaucoup des liens créés le sont au travers d’un écran, quelques événements permettent aux artistes de rencontrer leurs Fans et leurs camarades « IRL », c’est-à-dire In Real Life. Lorsqu’on demande aux artistes si Facebook leur a permis de rencontrer et de contacter d’autres artistes…

  • « Oui en partie, après, contrairement à certains, je ne me suis pas intégrée à la communauté de dessineux de Facebook comme beaucoup ont su le faire. Pas que je n’en ai pas envie, mais je ne suis tout simplement pas assez réactive et impliquée.  » (BlackBlink)

  • « Pour l’instant je n’ai discuté que par Facebook mais j’espère en rencontrer en vrai… normalement ça va arriver à la Japan Expo » (Pineapple)

  • « Oui, pas mal même. Tous par message Facebook car ils sont pour la plupart Français et moi Belge.  » (Cass’Drawing)

  • « J’ai pu rencontrer des gens lors d’événements comme des conventions mangas (style : Japan Expo, Made In Asia, etc.) et des festivals BD. Mais j’ai également fait des rencontres en face à face avec certaines personnes suite à la vente de ma Bande dessinée « Ce moment où … »  » (AD_e)

  • « J’ai rencontré pas mal d’artistes à la Japan Expo l’année dernière. Bon, rapidement, parce que je suis très très timide, mais j’ai quand même pu les voir et échanger avec eux ! » (Lil’art)

Beaucoup d’artistes profitent donc des festivals organisés au niveau d’une ville ou d’un pays pour rencontrer et les autres artistes avec qui ils discutent déjà sur Internet, ou leurs Fans. D’autres échangent autour d’une vente avec remise en main propre. Et puis, il y a ceux, comme par exemple Bleuts, qui organisent leurs propres événements pour rencontrer leur communauté. Avec une première édition à Paris et une seconde à Rennes, les rencontres Bleutsantes ont permis à l’artiste et à ses Fans présents de partager plus que des mots virtuels. Autour d’une boisson, ils ont pu discuter, dessiner, échanger, sans un écran pour les séparer.

Page de l’événement organisé par Bleuts « Rencontre Bleutsante à Paris », le 16 Janvier 2016

Conclusion

Lorsqu’on demande aux artistes si pour elles Facebook est un créateur de liens entre les artistes et leurs Fans, les réponses sont globalement positives.

  • Je pense que c’est un excellent outil de communication et de partage. Il existe une vraie communauté qui rassemble un grand nombre d’artistes et leurs fans sur Facebook, une communauté motrice qui permet à tout le monde de s’améliorer entre amateurs (et parfois professionnels).

  • je pense que vraiment ça peut créer des liens, ma page facebook m’a changée, m’a permis d’évoluer ( attention votre Pokemon Andréa évolue, tutututututut, Pineapple apparaît ! Pineapple apprend l’attaque dessin !) vraiment je me suis rapprochée énormément de certaines personnes… Après je le vois aussi sur des pages que je suis où les artistes sont très très proches de leurs fans. C’est pas une simple communauté c’est une grande famille !

  • Inévitablement ça créer des liens, on découvre d’autres artistes avec qui on discute plus facilement et les fans nous envoient des messages, écrivent des commentaires, parfois partagent même nos dessins sur leurs murs, etc.

  • Cela dépend. J’ai vu des pages qui postaient uniquement dans le but de montrer leurs travaux et qui ne répondaient pas aux commentaires ni aux messages postés sur leurs pages. Personnellement, j’aime beaucoup faire interagir les gens entre eux et avec moi. Je propose régulièrement des statuts pub, je pose des questions aux fans pour en savoir plus sur eux, dès que quelqu’un que je ne connais pas commente un de mes dessins, je me rend sur sa page pour voir ce qu’elle fait et surtout, j’essaie de répondre à un maximum de commentaires. Facebook est un RESEAU SOCIAL, donc pour moi le but est d’interagir, de créer des liens. C’est important pour un artiste de ne pas être quelqu’un d’inaccessible, quelqu’un avec qui on ne peut pas discuter. Si des gens se sont manifestés par un « j’aime » et qu’ils prennent la peine de donner leurs avis par le biais de commentaires, il est important de leur faire savoir que leur avis a été pris en compte et qu’il y a quelqu’un d’humain derrière les dessins.

Facebook, dans l’idée, est donc un formidable outil de développement de communautés. Communautés qui servent aux artistes, en les soutenant grâce à leurs commentaires et partages, mais également en achetant leurs créations ou en les faisant évoluer. La création de réseaux d’artistes via les Pages, les concours, les partages, permet aux dessinateurs d’avoir plus de poids sur le réseau social, et donc plus de visibilité. Globalement positive, l’expérience des artistes par rapport à ces Pages nous montre qu’à l’heure de la numérisation et de l’Internet, les artistes et leurs Fans se rapprochent, pour être plus intimes, faire partie de « la même famille ».

1 http://www.alexa.com/topsites

2 Notament dans La Distinction. Critique sociale du jugement, 1979

3 Herbet, Justine. « L’Internet: un nouveau moyen de se réunir? », Esprit critique

4 Maffesoli, Michel. « Le temps des Tribus », 1988

5 Jardel, Jean-Pierre et Loridon Christian. « Les rites dans l’entreprise », Éditions d’Organisation, 2000.

6 http://fr.ulule.com/comme-convenu/

Bibliographie et Sitographie

Aristote, La Politique (I, 2)

Bourdieu, Pierre (1979), La Distinction. Critique sociale du jugement, Les Editions de Minuit

Maffesoli, Michel (1988), Le temps des Tribus, Le Livre de Poche

Jardel, Jean-Pierre et Loridon Christian (2000), Les rites dans l’entreprise, Éditions d’Organisation

Granovetter, M. (1973), Strength of weak ties

Herbet, Justine. « L’Internet: un nouveau moyen de se réunir? », Esprit critique, vol.03 no.10, Octobre 2001, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.fr

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