Laura Perez et Apolline Vangioni
De nos jours, grâce au web, tout le monde peut donner son avis. Les citoyens et consommateurs peuvent s’exprimer sur tous les sujets, dans tous les domaines.
L’univers des séries télévisées, qui s’étend de plus en plus, n’échappe pas à cette évaluation permanente du public, dont l’avis implacable a désormais un auditoire considérable.
Bien que les courriers de téléspectateurs existent depuis la création de la télévision, internet et le web ont fait exploser le nombre de réactions et de commentaires du public, et plus particulièrement de ceux qu’on appelle fans. Écrire et envoyer du courrier prenait du temps et de l’argent ; ce n’est plus le cas avec le web. Les barrières qui séparaient le monde de la production de celui des spectateurs sont tombées. L’univers des séries est désormais accessible à tous. Le public peut aujourd’hui aisément donner son avis, faire des remarques, commentaires et suggestions sur les séries qu’il suit. Son expression peut prendre des formes variées, du tweet en live durant le visionnage de la série, aux articles, blogs et sites consacrés à cette dernière, en passant par des formes d’expression plus créatives. Cette visibilité des pratiques fans est un nouveau paramètre à prendre en compte pour les producteurs et réalisateurs de séries, qui y accordent une importance plus ou moins grande. Veiller sur l’opinion et l’activité des fans d’une série, entrer en interaction avec eux et se servir de ces éléments pour alimenter la série est une pratique qui s’étend de plus en plus.
Dans quelle mesure les fans influencent-ils les séries télévisées ?
Après avoir identifié les fans et l’impact que le numérique a exercé sur leurs communautés, nous observerons que cette influence est bien réelle, mais à nuancer. Nous porterons ensuite un regard critique sur ce nouveau phénomène.
I – Les communautés de fans de séries
A/Définition et identification
D’après la définition du dictionnaire Larousse, le terme « fan » est une abréviation de l’anglais « fanatic » et désigne un « admirateur enthousiaste, passionné de quelqu’un, de quelque chose ».
Néanmoins, le « fan » demeure difficile à caractériser, le périmètre de sa définition étant flou. À partir de quel moment peut-on se considérer comme fan ? À partir de quel degré d’enthousiasme ? Qu’est-ce qui façonne le fan ?
Autant de questions auxquelles la définition du Larousse ne répond pas. D’où la nécessité de décrire plus précisément les éléments caractéristiques des fans et de leurs pratiques, afin d’appréhender au mieux notre sujet, à savoir l’influence que ces derniers peuvent avoir sur les séries.
Les fans d’un même objet ou d’une même personne constituent ce qu’on appelle un fandom. Ils peuvent organiser des conférences, réunions, mais aussi réaliser des fanfictions, dont nous parlerons plus loin.
Un fandom est l’ensemble de la communauté fan qui partage des connaissances communes, un patrimoine, que l’on appelle la « sous-culture ». Cette dernière se compose d’un ensemble de connaissances connues de l’ensemble des fans de la communauté : l’origine de la série, les noms et rôles des acteurs, les différentes familles ou armées… Toutes ces connaissances paraissent évidentes pour l’ensemble des fans et les distinguent des profanes, des outsiders, des non fans, qui ne les maîtrisent pas. C’est donc une connaissance commune à l’ensemble des fans. Ce fandom rassemble les fans dans leur totalité, sans distinction quant à leurs connaissances, interactions ou niveau d’engagement. Lorsqu’un individu décide de s’investir, par passion, dans des interactions avec d’autres fans (en ligne ou hors ligne), il pénètre dans cette collectivité qu’est le fandom.
Dans son ouvrage « La culture de la convergence », Henry Jenkins donne une définition intéressante du « fandom » : « Le fandom, après tout, est né d’un équilibre entre fascination et frustration : si le contenu médiatique ne nous fascinait pas, nous n’aurions aucune envie de nous impliquer dedans ; mais s’il ne nous frustrait pas à un certain niveau, il n’y aurait aucun intérêt à le réécrire ou le refaire. » (Traduction libre).
En effet, les fans sont souvent les critiques les plus sévères. Plus on admire quelqu’un ou quelque chose, plus nos attentes sont grandes vis-à-vis de ce dernier. Les fans attendent donc le meilleur de leurs héros et revendiquent leur droit d’expression sur les œuvres ou personnes admirées.
Le fan est donc bien plus présent que l’admirateur lambda et surtout bien plus actif et impliqué dans l’évolution de son œuvre fétiche. Keane décrit d’ailleurs assez bien ce phénomène dans son livre «Cinetech: Film, Convergence and New Media » : « Au-delà du simple visionnage de l’œuvre, les fans achètent, s’engagent, s’approprient, partagent, communiquent, débâtent et créent. Ils regardent et se ré imprègnent constamment leurs œuvres de prédilection, cherchent et échangent toutes les informations possibles en rapport avec ces œuvres. » (Traduction libre).
Le fan ne se contente donc pas d’apprécier à un degré plus ou moins élevé une œuvre. Le fan est actif, et c’est bien là la principale caractéristique permettant de le définir. Il cherche des informations, il veut en savoir plus sur la série qu’il affectionne, à tous les niveaux : directement par rapport à la fiction : histoire, personnages, sujets soulevés, mais aussi à tout ce qui y est rattaché : acteurs, réalisateurs, secrets de tournage, relations entre les membres de l’équipe de la série… Ses connaissances sont supérieures à celles du simple spectateur. Par exemple, Jérôme, âgé de 26 ans, fan de la série Game of Thrones, nous éclaire lors d’un entretien sur les pratiques fan :
« Tu t’intéresses plus qu’à, plus qu’à ce que tu vois, c’est-à-dire que dès que tu commences à rechercher d’où vient la série, qui l’a écrite, qui sont les mecs qui ont écrit le scénario, combien ils sont, enfin… Euh en quelle année le projet a eu lieu, etc…. Quand tu dépasses le simple fait de regarder une série, je pense qu’à partir du moment où tu montres un réel intérêt à quelque chose, on peut dire de toi que tu es fan. ».
Certains désirent aussi échanger et débattre autour de l’œuvre en question, avec d’autres individus témoignant du même degré d’attrait pour la série. Le fan va même jusqu’à la production de contenus originaux en rapport avec l’œuvre qui le passionne : il s’en approprie le contenu et élabore des créations.
Cependant, le mot « fan » est souvent accompagné d’une connotation péjorative. Quand on emploie ce terme, on pense trop souvent aux personnes dont la vie tourne essentiellement autour de l’objet de leur passion, et qui n’ont d’autres intérêts que la série en question. Cette vision des choses tend à prendre le pas sur l’identité originelle du fan. Voici ce que répond un fan à ces représentations trop courantes et réductrices dans Trekkies, un documentaire de Roger Nygard : « La plupart des fans sont des gens assez normaux qui ont un hobby, un désir d’évasion et, vous savez, ils savent que c’est un show. Personne ne perd vraiment de vue que c’est une fiction, c’est juste pour s’amuser. » (Traduction libre).
À présent que le périmètre de la définition d’un fan et d’une communauté de fans est délimité, nous allons tenter de comprendre ce qu’internet et le web ont apporté à ces communautés.
B/Le numérique
Le développement du numérique a bouleversé la perception des pratiques fans. Avant la consécration du web, les actions et paroles de fans étaient très peu visibles, disparates et bien moins nombreuses qu’à l’heure actuelle. Dès les années 2000, ces dernières ont explosé.
L’arrivée des outils du Web 2.0 a révolutionné la consommation fan : émancipés des contraintes de la rareté, les fans peuvent désormais avoir accès à une masse considérable de ressources multimédia gratuites. Lipovetsky et Serroy expliquent que l’écran spectacle s’est substitué à l’écran communication, il s’est démultiplié en de nombreuses dimensions. L’environnement de la série n’est plus limité à sa diffusion sur les chaînes TV, aux magazines spécialisés mais s’étale sur le web. C’est un sentiment de quotidienneté, de proximité qui s’installe entre le fan et sa série favorite. Le fan intègre complètement la série et a l’impression d’en faire partie et de connaître empiriquement les personnages.
En premier lieu, Internet a permis aux fans de se retrouver plus facilement et se rassembler, échanger, grâce aux forums, espaces de discussions de groupes, chats etc. De véritables communautés, plus actives que jamais, ont alors pu se former et devenir des acteurs à part entière. Le fan n’est plus isolé et impuissant, il fait partie d’un groupe solide dont les actions peuvent avoir un réel impact.
C’est ce que Pierre Levy appelle « l’intelligence collective », qu’il définit de cette manière : « la capacité d’une communauté virtuelle à mobiliser l’expertise combinée des membres ». Ce qu’on ne peut ni faire ni savoir seul, on le peut collectivement. Cette organisation des publics, appelée « communautés du savoir », permet aux spectateurs fans d’exercer un pouvoir agrégé plus important dans ses négociations avec les producteurs.
Ces communautés s’inscrivent dans la durée grâce à la production mutuelle et à l’échange réciproque de savoirs. Elles « mettent à la disposition de l’intellect collectif tout le savoir qui est pour elles pertinent à un moment donné ». Elles servent de lieux « de discussion, de négociation, de développement collectif » et poussent leurs membres à trouver de nouvelles informations pour le bien de tous : « les questions sans réponses créent de la tension…désignant des régions où l’innovation et l’invention sont requises ».
Dominique Cardon et Fabien Granjon expriment l’importance du rôle joué par les nouvelles technologies dans cet activisme de fans. Pour ces chercheurs, le «médiactivisme » est un système de partage, d’organisation dans une communauté et de compétences techniques pour diversifier les sources de production de l’information, voire pour se libérer d’une quelconque (auto)censure appliquée par les médias officiels. Mais principalement, cet activisme 2.0 tire ses origines de deux mouvements : la montée en puissance des médias communautaires et le phénomène du Do It Yourself , qui s’incarnent dans une expertise et un usage des nouvelles technologies à des fins sociales et politiques.
Bien au-delà d’un phénomène du don et du contre-don souvent appliqué aux pratiques créatives des fans, l’activisme et l’engagement civique des fans correspondent bien à une organisation, des compétences, des choix et une posture politique qui placent la communauté des fans dans une attitude active.
Ces regroupements de fans, qui peuvent désormais parler d’une seule et même voix, ont changé la façon dont les équipes créatives des séries télévisées récoltent les retours de l’audience.
Le numérique et l’instantanéité des messages ont fait tomber les barrières entre fans, acteurs, réalisateurs et producteurs. Twitter en particulier, permet aux fans de s’adresser directement à la personne qu’ils souhaitent pour exprimer leurs désirs, mécontentements, incompréhensions ou satisfactions.
Les séries, contrairement aux livres et aux films, sont en constante évolution, de telle sorte que les fans ont conscience de l’influence qu’ils peuvent avoir. Le cours de la série n’étant pas figé, le fan tente de le façonner à sa manière.
Ce pouvoir dont dispose le public a par ailleurs été conforté par l’essor des télés-réalité, où le public vote et décide des candidats qui méritent de continuer l’aventure.
Le rassemblement des fans sur des sites dédiés à leurs séries préférées permet aux équipes de créatifs d’accéder plus facilement aux retours d’audience. Plutôt que d’avoir des avis éparpillés, difficiles à classer et à analyser, les équipes créatives n’ont désormais plus qu’à aller sur ces sites pour connaître l’opinion des fans, dégager des tendances générales, et même trouver des idées pour les prochains épisodes.
De plus en plus de producteurs de séries accordent de l’importance à cette opinion en ligne. Parmi eux Dan Harmon, producteur exécutif de la série Community, très attentif à son public et réactif vis à vis des commentaires et créations de fans : « Certaines personnes tiennent des blogs…et parlent hargneusement des choses qu’ils n’aiment pas dans la série, d’autres soutiennent les choses qu’ils adorent. Et tout ça, il y a six ou huit ans, aurait pu être vu comme une érosion de la télévision en tant que média. Mais je pense que c’est un moyen de garder les personnages en vie et de leur donner une dimension plus importante. » (Traduction libre). Interview donnée au Digital Spy, en Novembre 2011.
II – L’influence de ces communautés sur les séries télévisées
Cette attention portée à l’activité des fans se traduit généralement par une véritable influence de ces derniers sur leurs séries favorites.
A/Diverses formes d’influence
Aujourd’hui, on peut parler d’interventionnisme fan. Le fan peut non seulement intervenir sur la durée de vie d’une série, mais aussi sur le cours de l’histoire et les éléments inhérents au récit.
- Soutenir des séries en péril
Maintenir la diffusion d’une série apparaît comme la raison principale d’activisme des fans. En effet, selon une étude réalisée par TVGuide.com, 76 % des interrogés ont dit que leur engagement sur les réseaux sociaux pour une série télévisée avait avant tout pour but d’éviter l’annulation de celle-ci. Les fans organisent des campagnes « Save Our Show », qui ne sont pas nouvelles mais ont connu un essor considérable grâce à l’avènement des réseaux sociaux.
Ces actions sont très efficaces et ont fait leurs preuves : en comparant des séries au taux d’audience relativement faible, on peut constater que seules celles rassemblant une communauté de fans importante ont survécu.
Par exemple, la série Roswell devait être déprogrammée après la première saison. Suite à cette annonce, les fans se sont rassemblés et ont créé le site crashdown.com, en référence à un nom de restaurant présent dans la série. Ils ont ensuite organisé une campagne et envoyé des milliers de bouteilles de Tabasco aux producteurs, les adolescents extraterrestres de la série raffolant de cette sauce. Roswell a été renouvelé pour deux saisons. Plusieurs autres exemples du même type pourraient être cités, comme l’envoi massif de barres chocolatées Mars (plus de 10 000 au total) pour sauver la série Veronica Mars.
- Le fan comme collaborateur
Le fan, de par ses créations, permet de faire vivre la série en dehors des moments de diffusion des épisodes ou de sortie d’une nouvelle saison. Une fois la saison terminée, dans l’attente parfois longue de la saison suivante, les fans continuent d’animer la toile. Les producteurs ont bien compris l’utilité d’attiser la curiosité des fans, et publient régulièrement des images ou des phrases teaser, afin de créer des buzz plus ou moins grands et laisser les fans débattre et spéculer. L’intérêt et l’impatience du public n’en sont que renforcés. De fait, la série ne tombe pas dans l’oubli, n’entre pas « en veille » dans les esprits. Les producteurs sont alors en droit d’attendre une audience croissante de leur série, par effet de contagion lié à l’activité des fans et aux buzz générés, ou tout du moins une audience constante.
Les fans deviennent alors les catalyseurs des campagnes de marketing viral. Leur implication intellectuelle et émotionnelle devient indispensable. Leur excitation et leur curiosité doivent être nourries, afin de faire perdurer le marketing viral.
Le fait de les faire participer, de les impliquer dans le processus de création et de diffusion d’éléments concernant la série permet de les fidéliser davantage. Le fan a d’autant plus envie de s’investir et s’engager au service de sa série que son avis est pris en compte, qu’il est considéré comme important. Pour s’impliquer, il doit être régulièrement mis au défi et récompensé pour son travail : l’enthousiasme d’un fan s’entretient.
Mais les producteurs doivent se focaliser plus particulièrement sur un type de fan : le fan de longue durée, celui qui déclenche de l’activité sur le web et s’occupe d’étendre la communauté. Celui qui rassemble les autres fans ; en d’autres termes : le leader. Cela rejoint la théorie de Lazarsfeld sur les influenceurs : il existe des leaders d’opinion qui filtrent et interprètent les informations, et orientent l’opinion des individus qu’ils côtoient. Ces leaders peuvent prendre sur le web des formes diverses, comme l’administrateur d’un forum, d’un site reconnu, le propriétaire d’un blog ou d’un compte twitter populaire. Les fans leur font bien plus confiance qu’aux critiques professionnels, les fans leaders étant perçus comme membres de la communauté. C’est de l’avis de ces derniers dont les producteurs ont besoin de se préoccuper le plus. Il serait très risqué de les décevoir : cela pourrait leur faire perdre un appui précieux. D’autant plus que les activités des fans étant bien plus visibles qu’avant, ces derniers commencent à avoir une influence croissante sur le spectateur lambda.
Cette façon de procéder a également un intérêt économique pour les producteurs : l’audience est plus ou moins prévisible, les risques peuvent être minimisés et ce sans le coût onéreux d’études de marché. Ainsi, les fans peuvent être considérés comme des collaborateurs au potentiel non négligeable par les producteurs. En les impliquant dans la série, les producteurs s’assurent une promotion gratuite.
En effet, pour un fan, la chance de prendre part au processus de production de leur série favorite représente une opportunité incroyable. Ils deviennent alors des collaborateurs honnêtes et motivés, qui ne demandent aucune compensation financière en retour. La seule chose que les producteurs ont à faire est de contacter une communauté via un site, forum, ou sur les réseaux sociaux.
Henry Jenkins insiste sur cette opportunité dans ses travaux, expliquant que les producteurs peuvent obtenir une loyauté à toute épreuve de la part des fans « en leur donnant un intérêt au maintien de la franchise, leur assurant que le contenu produit reflète mieux leurs intérêts, par la création d’un espace où ils peuvent apporter leurs propres contributions créatives, et que les meilleurs travaux soient reconnus ».
Sébastien François, Docteur en sociologie, écrit que les industries culturelles commencent « à réaliser qu’il faut intégrer en amont ce que font les fans et pas seulement s’en servir a posteriori ». Il donne pour exemple la saga Game Of Thrones qui excelle dans la gestion de communautés. Les producteurs encouragent les fans à innover sur des sites dédiés afin d’enrichir l’univers de la série. À l’occasion de la sortie de la saison 3, les internautes étaient invités à inventer leur propre blason sur le site internet Jointherealm. Sébastien François explique que «l’idée est de forcer la fanbase à se structurer tout en gardant le contrôle sur ce qu’elle fait».
Le fan art désigne toute œuvre d’art créée par un fan à propos de l’objet ou la personne qu’il affectionne. Elle peut désigner une vidéo, un montage photo, une sculpture… Internet a permis une circulation des fan arts à travers les forums et réseaux sociaux. Les fan fictions fleurissent également sur la toile. Ce sont des récits écrits par des fans pour modifier ou prolonger l’histoire, en écrire l’origine ou la suite, voire combler les trous scénaristiques. Cela permet également au spectateur de représenter ce qu’il aimerait ou aurait aimé voir dans l’œuvre de référence.
Le travail des fans est ainsi parfois repris dans certaines séries, voire sert de base à certains éléments de l’histoire. Dans la série Community, le couple Jeff/Annie était très populaire durant la saison 1. Un fan avait créé une vidéo Youtube sur le duo, reprise par Dan Harmon et incluse dans l’un des épisodes de la saison 2.
Les revendications des fans peuvent par ailleurs s’effectuer de façon antérieure à la diffusion de masse d’une saison ou d’un épisode et indépendamment de la sollicitation des producteurs. Comme expliqué précédemment, internet a joué un rôle crucial dans le développement de ce phénomène. Le web facilite la diffusion de rumeurs concernant la série, rumeurs qui sont rapidement et massivement commentées. Ces commentaires, approbations et/ou indignations, fleurissent sur les réseaux sociaux, les blogs et forums, soit un espace public auquel les producteurs ont accès. Il peut arriver que, suite à une « révolution » des fans due à une rumeur concernant la série, les producteurs et scénaristes révisent leurs choix, craignant de perdre une trop grande part d’audience.
- Le fan comme sous-titreur et diffuseur
En France, le site internet U-sub.net né en 2008, regroupe une grande partie des sous-titreurs de séries télévisées américaines principalement.
C’est plus d’une centaine d’équipes qui s’organisent afin de proposer des sous-titrages français pour des séries étrangères qui n’auraient pas été diffusées en France ou très longtemps après leur sortie dans leur pays d’origine. Cette pratique vient également en réaction aux doublages effectués par les industries elles-mêmes souvent censurés ou nettoyés de toute vulgarité pour ne pas choquer. Cette communauté rassemble uniquement des fans de séries qui ont pour objectif de faire connaître les œuvres et de les faire circuler en faisant tomber les barrières géographiques et langagières. Cette pratique nommée « fansubbing » demande des compétences intellectuelles et techniques ainsi qu’un investissement temporel et personnel.
Les fansubbers se considèrent comme de réels médiateurs culturels et distributeurs. Toutefois, cette activité n’aurait pu se développer sans l’apparition d’internet.
Cette pratique au premier abord semble culturellement bénéfique mais le fansubbing pourrait être considéré comme du piratage envers les industries sérielles et la propriété intellectuelle pourrait être interrogée. Or, en favorisant la circulation des séries étrangères, les fansubbers s’imposent comme des relais et donnent une dimension internationale aux chaînes américaines. Les stratégies transmédias mises en place par les industries sérielles américaines ont ainsi un impact mondial.
De plus, les fans sous-titreurs déjouent les stratégies de production traditionnelles des chaînes françaises en proposant en avant première des nouvelles séries principalement américaines. H. Jenkins insiste sur cette pratique qui contribue à développer une culture de la circulation médiatique. Le fansubbing a en quelques sortes forcé les chaînes françaises à s’adapter à une demande d’immédiateté. Certaines tentent de s’adapter (Canal+) en diffusant en VOSTF des épisodes de série au lendemain de leur sortie aux États-Unis.
Le fansubber a ainsi développé une influence sur le contenu des sous-titres et sur la diffusion des séries, contraignant les chaînes télévisées à s’adapter à la demande fan.
- L’influence intériorisée des auteurs fans
D’autre part, une influence plus indirecte peut s’exercer. En effet, on peut considérer que la frontière entre création, production et réception tend à s’effacer dans certains cas. Parfois, les auteurs sont eux-mêmes fans de la série. Les choix des studios de production peuvent se tourner vers des auteurs fans, voulant bénéficier de l’image renvoyée par cet auteur dans l’univers de la série. La communauté de fans aurait alors de bons a priori et serait plus à même de regarder les épisodes avec bienveillance, sachant qu’un fan, un « membre de sa communauté » est aux commandes.
Les auteurs ne se préoccuperaient ainsi pas directement de l’avis des fans, étant fans eux-mêmes. Ils se conforteraient dans leurs propres choix, qui seraient forcément en adéquation avec les attentes de la communauté.
B/Une influence à nuancer
Néanmoins, cette influence reste à nuancer. La grande majorité des producteurs et scénaristes disent ne pas tenir compte des réflexions des spectateurs.
Il est important de tenir compte de l’avis global du public sur une série, mais porter une attention trop grande aux critiques bride le processus créatif.
L’implication des fans peut inhiber la créativité des auteurs, mais aussi réduire la somme de travail effectuée par ceux-ci, ce qui irait à l’encontre de leur intégrité artistique supposée.
L’avis de notre enquêté va dans ce sens, lorsqu’il nous explique le principe d’une série :
« Le principe même de regarder une série, c’est comme toute œuvre, c’est d’être surpris ».
Ainsi, être fan n’implique pas forcément de vouloir influencer le contenu de sa série favorite. Le fan compte sur les réalisateurs pour être surpris et c’est sans doute davantage cet aspect qui cultive son admiration pour la série.
Dans l’émission « Têtes de séries » de RTS, Guillaume Renouil, le producteur de la série française « Fais pas ci, fais pas ça » témoigne : « Les soirs de diffusion, j’ai pris l’habitude depuis 2, 3 ans de me connecter sur Twitter. {…} Je sais quelle réplique a marché, quelle situation a dérangé…ça m’amuse de voir les réactions du public là-dessus. {…} Oui on en tient compte, en même temps, on ne se laisse pas guider par les téléspectateurs, nous notre rôle en tant que producteurs avec les auteurs c’est de les surprendre, donc c’est pas de leur donner ce qu’ils ont envie de voir, c’est d’aller les bouleverser un petit peu. {…} Après il y a des choses qui ne vont pas leur plaire, mais moi au fond de moi je pense que le public aime bien être dérangé un peu…et je pense qu’il préfère une saison qui va le bousculer un peu. »
Guillaume Renouil explique donc qu’il accorde une importance relative aux remarques des fans. Il reste sur l’idée que si la série a eu du succès, c’est grâce à l’idée originale de l’auteur. Il vaut donc mieux faire confiance à l’équipe créative et surprendre le spectateur. Jérôme nous expose son avis qui rejoint celui de Guillaume Renouil en nous expliquant qu’
« à partir du moment où une série marche, je ne vois pas pourquoi ils [les réalisateurs] devraient se remettre en question, s’ils commencent à se remettre en question ils prennent le risque que ça marche moins bien. […] Parce que tant que ça marche et tant qu’il y a de la demande, c’est que tout va bien. »
Dans bon nombre de cas, les choix finaux sont effectués par les producteurs. Ils sont seuls maîtres à bord et libres de décider du tournant que prendra la série, que les fans le veuillent ou non. C’est au producteur de dire s’il désire intégrer quelques éléments proposés par les fans à la série ou non : il n’est en aucun cas contraint ou soumis par l’opinion des fans.
De plus, plusieurs scénaristes soulignent le fait qu’il n’est pas possible de tenir compte de toutes les critiques. En écoutant certains fans, on en mécontente forcément d’autres.
Toujours dans l’émission « Têtes de série » de RTS, les scénaristes de The Missing, Jack et Harry Williams, expliquent :
« Je ne crois pas que ce soit très sain. Les critiques en elles-mêmes sont assez stressantes, mais recevoir des critiques tous les jours, toutes les cinq minutes, on va faire un arrêt cardiaque en fait personne ne veut ça, ça ruine tout. – Qu’on parle de nous c’est important, mais si on lit tout et qu’on croit tout ce qui s’écrit, tout le monde a une opinion différente…je dois dire que pour le dernier épisode nous avons eu une discussion assez chaude avec la BBC, les réalisateurs, les acteurs, entre nous, au final nous sommes contents et fiers de ce que nous avons fait, mais tout le monde a une opinion et ce n’est pas possible de s’y plier ou de revenir en arrière pour accommoder tout le monde. Et en même temps, j’apprécie ça, sinon on finit la série et puis on va se faire une bouffe quoi. »
Malgré le peu d’influence que semblent avoir les fans de The Missing sur les scénaristes, ces derniers soulignent tout de même l’intérêt qu’ils ont à lire des retours de fans. S’ils n’en tenaient pas un minimum compte, les auteurs écriraient le scénario comme bon leur semble et boucleraient la série rapidement.
Guillaume Renouil expliquait aussi, dans l’émission « Têtes de séries », que le public pouvait influer sur le maintien ou non de personnages dans la série si des doutes subsistaient à son égard. D’après lui, le processus d’écriture est avant tout une « affaire de convictions ».
Lorsque les scénaristes de « Fais pas ci, fais pas ça » sont sûrs d’eux lors de l’introduction d’un personnage parce qu’ils savent que par la suite le public va être amené à l’aimer, ils le gardent. Lorsqu’ils ont des doutes sur un personnage et que le public vient les confirmer, en témoignant son désintérêt pour celui-ci, le personnage est évincé.
III – Analyse critique
Les fans ont acquis grâce aux Web 2.0 une réelle influence sur les séries. Devenue source d’inspiration et représentativité de l’audience, le statut de fan peut être questionné.
- Un fan exploité
Mise à part la reconnaissance entre fans, ces derniers ne prétendent pas à d’autres formes de récompense. Le fan n’est pratiquement jamais rémunéré pour ses efforts. Par exemple, le jeune adolescent, Kevin Cordasco, âgé de 16 ans, a influencé les producteurs de la série Breaking Bad sur l’intrigue de l’épisode final. Ce fan ne retirera de cette expérience qu’une gratification personnelle et non pécuniaire.
Beaucoup d’industries sérielles puisent des idées dans les communautés de fans, pour innover ou tout simplement être en accord avec leurs souhaits. Le fan est exploité mais ne manifeste aucun désaccord parce que cela représente pour lui une gratification qui est plus importante que l’argent.
Seul Amazon a trouvé une solution pour rémunérer les fans produisant des fanfictions. Grâce à sa plateforme Kindle Worlds lancée en mai, le géant vend des copies de fanfictions entre 0.99 et 3.99 dollars.
Les auteurs fans sont ainsi rémunérés à hauteur maximale de 35% des profits. Cette astuce reste le seul moyen pour les fans de gagner de l’argent. Mais face à des sites internet tels que Fanfiction.net où la gratuité et l’échange sont les principes fondamentaux, il est difficile de proposer des contenus, même à un faible coût.
- Le fan, d’admirateur actif à investisseur ?
Outre leur capacité de production, parfois ce sont les fans qui décident de l’avenir d’une série. Les fans se mettent à investir souvent sur des plateformes de crowdfunding pour soutenir un projet dont ils veulent devenir acteurs. Prenons pour exemple la série Veronica Mars abandonnée en 2007 après trois saisons. Le réalisateur poste en 2009 une vidéo des 4 acteurs principaux incitant les fans à investir dans une campagne de crowdfunding afin de tourner la suite de la série en film. En moins de 24 heures, le réalisateur empoche plus de 2,5 millions de dollars. Il remportera au total plus de 5 700 000 dollars. Sans les fans, ce projet n’aurait eu aucune chance de financement.
Qu’un film ou une série puisse s’autofinancer grâce aux fans ouvre de nombreuses possibilités. Les fans deviendront peut être les investisseurs de demain en facilitant le travail des producteurs qui veulent de moins en moins prendre de risques.
- La question de la représentativité
Les fans s’expriment sur le net, mais à partir de quel pourcentage de l’audience totale peut-on considérer qu’ils représentent l’avis général des spectateurs ? En effet, même au sein des communautés de fans, tous ne s’expriment pas sur le web : tenir compte de l’avis de la minorité bruyante qui fait entendre sa voix sur le web pourrait s’avérer être un pari risqué.
Le producteur de la série The Missing met en avant cette idée : « Twitter c’est énorme mais ça reste une très petite portion de l’audience qui regarde la série. Si c’est Game Of Thrones, c’est plus représentatif sur Twitter avec leur immense audience. Pour notre série, peut-être 5 % de nos téléspectateurs étaient sur Twitter, peut-être moins, donc il faut être prudent quand on écoute l’opinion de cette petite mais bruyante portion de notre public. Elle peut être très différente de celle de tous les autres. C’est tentant de les écouter mais je pense qu’il faut s’en tenir à ce à quoi nous croyons. Parce que si le public n’aime pas, il le dira et il éteindra sa télé. » Ce dernier se dit tout de même attentif à cette population sur internet qui ne représente au final qu’une petite partie de l’audience totale. Il explique qu’il se fait confiance et constatera la désapprobation de son public par un enregistrement d’une baisse de l’audience car les gens arrêteront de regarder sa série. Ainsi, il faut faire attention aux fans très expressifs sur internet, s’y intéresser mais ne pas considérer que leurs ressentis valent pour la majorité des spectateurs.
Jérôme partage cette vision et précise que :
«Si tu prends le pourcentage d’audience de Game of Thrones qui fait je ne sais pas, 10-15 millions de vue en France c’est quelque chose comme ça, si tu prends les fans, tu en as, des vrais fans au mieux tu en as 30 000 en France, donc ça représente un pourcentage qui est tellement faible que je ne suis pas certain qu’ils représentent une audience suffisante pour pour faire entendre leur voix. »
L’enquêté en vient même à douter de l’importance des fans lorsqu’une série est extrêmement regardée et appréciée. En effet, lorsqu’une série devient mondialement suivie, a-t-elle encore besoin de ses fans qui ne représentent qu’une infime partie de l’audience totale ? Jérôme explique :
« Il faut voir les fans comme des habitués, et se dire que c’est quelqu’un sur qui tu peux compter, qui vont toujours regarder, qui vont toujours soutenir, partager… Oui, c’est nécessaire dans la publicité, dans le mouvement pour lancer une série. Je pense que les fans ont été vraiment nécessaires à Game of Thrones pour se lancer. Parce que au début c’était quelque chose qui était sur internet, et voilà il fallait le regarder en streaming et personne n’en parlait vraiment quand c’est sorti. Et d’un seul coup, ça a pris une ampleur phénoménale. Après je pense qu’aujourd’hui la série marche tellement bien et qu’elle est devenue tellement forte que y a plus besoin de fans quoi,[…] Game of Thrones c’est pareil, aujourd’hui tout le monde connaît et dès que la saison 6 va sortir même les gens qui ne sont pas fans iront la regarder quand même. »
Ainsi, on pourrait penser que lorsqu’une série atteint des records d’audience, elle peut continuer à vivre sans ses fans sans pour autant oublier qu’ils sont souvent à l’origine de sa diffusion massive.
- Le fan de « braconnier » à consommateur modèle ?
L’historien et philosophe français Michel De Certeau assimile les producteurs de sens à des propriétaires qui élaborent des stratégies pour piéger les dominés. Ces derniers assimilés aux consommateurs, mènent des actes de résistance consistant en des micro-libertés face au pouvoir, en une réappropriation de ce réseau imposé au consommateur par l’intermédiaire de « ruses » ou « procédures ». Le consommateur est alors assimilé à un « braconnier » qui pille la création du producteur en l’interprétant avec ses codes propres et parfois en s’en inspirant comme dans les fanfictions. Adapté à l’univers des séries, le papier de l’auteur amène à penser que les producteurs de séries élaborent des contenus et imposent le sens des biens culturels aux spectateurs. Le fan « braconnier » agit en résistance en développant des communautés, réécrit l’histoire, critique les choix faits… Michel De Certeau montre bien que les publics ne sont pas dominés et restent actifs devant la réception des messages qu’on leur envoie.
Cette théorie peut être discutée. En effet, aujourd’hui le fan serait davantage à considérer comme un consommateur modèle, informé et fidèle aux séries convoitées. Source d’inspiration et public assuré, les fans ne peuvent être négligés et considérés comme « braconniers ». Ils sont des consommateurs modèles (visionnage des épisodes, consommation de produits dérivés, actifs sur les communautés, donnant de la visibilité en relayant les informations) dont rêvent toutes les industries sérielles.
- Le phénomène de télé-série
La série Sibéria, sortie aux États-Unis en 2013, est calquée sur le principe et les codes de la téléréalité. Le principe : seize candidats venus des quatre coins du monde doivent survivre tout un hiver par leurs propres moyens dans la région sibérienne de Tunguska. La série se fait passer entièrement pour une émission de téléréalité, les premiers instants sont comparables à l’émission Survivor. Le spectateur se rend compte qu’il regarde une série au deuxième épisode car des phénomènes paranormaux entrent en scène. Ce nouveau concept estompe la frontière entre série et téléréalité. Les fans de cette série regrettent tout de même que le vote ne soit pas possible et qu’ils puissent orienter le cours de la série.
Une réflexion est à saisir dans ce sens, pourquoi ne pas proposer un nouvel environnement de série où les fans pourraient devenir réalisateurs. Les producteurs diffuseraient par exemple après chaque fin d’épisode un sondage avec différentes suites où les fans donneraient leur avis. Ce système innovant et peu ordinaire semble tout de même difficile à mettre en place imposant aux équipes de tournage un rythme intensif et cela appauvrirait peut-être le contenu proposé, le temps imparti aux équipes étant réduit.
Cette structure de série est notamment critiquée par Jérôme qui n’apprécierait pas ce genre de format :
« Si tu n’es pas surpris, est ce qu’il y a vraiment un intérêt à le regarder, je ne pense pas. Quand tu commences à décider qui va mourir ou vivre dans une série, ou comment vont se passer les choses, je trouve que ça n’a plus d’intérêt d’être regardé. »
Conclusion
Le fan, ce personnage connoté péjorativement au 20ème siècle, perd son animosité pour devenir un consommateur modèle au 21ème siècle, bien que ses anciennes représentations n’aient pas totalement disparu. Grâce, entre autres, à Henry Jenkins, le fan devient un objet d’étude « légitime ». Différent du spectateur lambda grâce à ses connaissances accrues et à son attitude active face à la série ou autre source d’intérêt, il désire échanger et débattre sur l’objet de sa passion, produire du contenu lui étant relatif. Passant de l’écran spectacle à l’écran communication, ses pratiques se sont largement développées grâce au numérique qui a permis une plus grande visibilité de leurs actions et une facilité de rassemblement. Les fans ont acquis des pouvoirs concernant leurs séries favorites qu’ils tentent d’appliquer avec plus ou moins de succès. Les communautés de fans sur le web peuvent se révéler être un réel atout pour les industries sérielles qui accèdent plus facilement aux retombées de leurs productions et cultivent l’enthousiasme des fans. Une influence non négligeable qui tend à se développer et à orienter des scénarii et actions à destination des spectateurs, mais cette forme d’influence se trouve être la moins répandue.
Bien que le phénomène d’influence demeure relativement restreint, la majorité des producteurs et auteurs disant ne pas en tenir compte, le succès et la longévité d’une série dépendent en partie de sa communauté de fans. Le fan est désormais un allié non négligeable qu’il faut éviter de décevoir. Il peut influer sur la durée de vie d’une série, sur son essor à l’international, et permet d’entretenir l’intérêt des autres fans et spectateurs gratuitement. Il relaie, diffuse l’information, évitant à la série de se mettre « en veille » dans l’esprit du public. Il est partie intégrante du marketing viral.
Les producteurs tentent tout de même de structurer les fanbases et les garder sous contrôle, sollicitant le fan dans des buts bien précis. Tenir compte des fans oui, mais dans un cadre délimité. Ainsi, malgré le pouvoir croissant dont peuvent disposer les fans, l’influence de leurs actions dépend toujours du bon vouloir des producteurs. Ces derniers ne sont pas contraints par les fans, mais utilisent leur potentiel lorsque cela leur semble nécessaire. On pourrait donc parler de coopération, d’une collaboration tacite ou parfois explicite entre fans et parties prenantes de séries. Car bien que les fans aiment donner leur avis et proposer des contenus, ils sont avant tout désireux d’échanger, partager leur passion avec d’autres, s’informer, et surtout être surpris.
Bibliographie :
Anthony Galuzzo – « Mythologie comparée des stars. Comment les fans inventent leurs idoles »
Henry Jenkins – « La culture de la convergence Des médias au transmédia »
Dominique Cardon et Fabien Granjon – « Médiactivistes »
Martin Julier-Costes, Denis Jeffrey et Jocelyn Lachance – « Séries cultes et culte de la série chez les jeunes : penser l’adolescence avec les séries télévisées »
Webographie :
http://mesocult.wikispaces.com/Place+des+fans
http://next.liberation.fr/vous/2014/04/10/le-fan-n-est-pas-aliene-par-sa-passion_994793
https://books.google.fr/books?id=lHb7AgAAQBAJ&pg=PT128&lpg=PT128&dq=industrie+culturelle+et+fans&source=bl&ots=f4_NYDDLCt&sig=jPphqmD8jKUHIMiXTXX1WyNnSeE&hl=fr&sa=X&ved=0CDIQ6AEwAWoVChMIwcPS3d6NyAIVC4kaCh3UBArr#v=onepage&q=industrie%20culturelle%20et%20fans&f=false
http://fr.slideshare.net/Ejerry/dfinition-industries-culturelles
http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00683226/document
http://www.platformmagazine.org/2012/01/the-powerful-influence-of-passionate-fans/
http://www.csmonitor.com/The-Culture/TV/2012/0320/Is-TV-paying-too-much-attention-to-fans
Podcast :
« L’influence des réseaux sociaux sur les séries TV » – Julien Schekter – Têtes de séries – RTS
ANNEXES :
Grille d’entretien – enquêté fan de la série Game of Throne
Regardez-vous d’autres séries que Game of Thrones ? À quelle fréquence ? Votre série préférée ? Pourquoi ? Vous considérez-vous comme un fan ? Qu’est-ce qu’un fan pour vous ?
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Fréquentez-vous des sites internet dédiés à vos séries favorites ? Si oui, lesquels ? Que recherchez-vous sur ces sites internet ? Êtes-vous actif sur ces communautés ? Avez-vous déjà donné votre avis sur le site d’une série ? Avez-vous déjà participé à des événements liés à la série ? Si non, en avez-vous envie ? Si oui, quel genre d’événements ? Qu’est-ce qui vous a poussé à participer à ces/cet événements ? Avez-vous déjà essayé de communiquer avec les producteurs d’une série ? Pourquoi ? Aimeriez-vous pouvoir entrer en contact avec les producteurs de votre série favorite pour échanger avec eux sur l’avenir de la série leur dire ce que vous aimeriez-voir dans la suite de la série ? Selon vous, qu’apportent les fans à une série ? Pensez-vous que réunis, ils peuvent avoir une influence sur les producteurs, scénaristes ou acteurs ? Pensez-vous que les producteurs doivent être attentifs aux réactions des fans ? Pourquoi ? Que pensez-vous d’un genre de série ou le spectateur pourrait voter pour décider de la tournure de l’épisode suivant ?
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